"Cris et chuchotements" recouvre des thèmes éminemment bergmaniens: la mort, l'incommunicabilité, la mésentente familiale. Ainsi Agnès est en train de mourir d'une cruelle maladie sous les yeux de ses deux soeurs qui se relaient à son chevet.
Le film est grave par son sujet et l'est aussi dans sa manière, où Bergman évoque l'agonie d'Agnès en des images pénibles de douleur et de souffrance. Le cinéaste observe également l'attitude de l'entourage, des deux soeurs en particulier, leur impuissance devant la maladie, leur capacité à la compassion puis leur engagement dans le deuil et le souvenir. Postures inégales et personnelles qui, de façon plus universelle, ramène le spectateur à sa propre hantise de la mort.
Il reste que le film fait également figure de pensum affecté et formel, parfois obscur dans l'expression de ses idées noires. L'austérité esthétisante de la mise en scène et l'invariable affliction qui détermine le jeu des comédiens (l'expression des visages est primordiale) concourent à un exercice de style consterné et factice. Le drame vécu par les personnages, les tourments moraux ou psychologiques qui sont les leurs ne me touchent pas, trop figés, trop mis en scène et intellectualisés, c'est-à-dire dépourvus de spontanéité.