Mexique,1926.Le président Calles,laïciste acharné,promulgue une série de lois anti-catholiques.Dans ce pays très christianisé ça passe mal et une révolte importante s'organise,aboutissant à une sanglante guerre civile qu'on appela "Guerre des Cristeros".Cet épisode méconnu de l'Histoire mexicaine,qui ne dura que trois ans,fait ici l'objet d'un éclairage intéressant sous la direction de Dean Wright,spécialiste des effets spéciaux très réputé dont c'est la seule réalisation.Le film n'a guère marché et a eu de mauvaises critiques,ce qui n'étonne guère quand on connait la stricte obédience gauchiste de l'engeance journalistique,d'autant qu'il a été distribué en France par la SAJE,versée dans le cinéma catho.Il est vrai que d'un pur point de vue cinématographique c'est assez moyen.C'est trop lent,trop long,académique,empreint de pathos religieux et noyé sous une musique gonflante d'inspiration liturgique signée James Horner.Cependant c'est solidement raconté et l'on suit avec intérêt cette tranche d'Histoire latino-américaine qui rappelle les guerres de Vendée durant la Révolution Française.Bien sûr c'est orienté et on se sent solidaire des rebelles persécutés par un régime criminel qui n'hésite pas à massacrer sa population.Il est vrai qu'il est facile de s'en prendre aux chrétiens,dont le comportement lors des siècles lointains fut souvent agressif,de Croisades en Inquisition,mais qui sont depuis longtemps pacifiques.Sauf que là on est au Mexique,une contrée où les gens ont le sang chaud et ne sont pas enclins à tendre l'autre joue.Nous suivons donc les routes parallèles,parfois destinées à se rencontrer,de nombreux personnages,réels ou fictifs,qui ont participé à ce conflit.Nous avons là des militants chrétiens qui tentent au départ de procéder politiquement par des manifestations ou des diffusions de tracts avant de se radicaliser face à la répression gouvernementale,une Eglise déboussolée entre prêtres étrangers expulsés et soutien tiède du Vatican et un Etat autoritaire prêt à tout pour imposer ses vues.De cette situation se détachent quelques personnalités dont les agissements rythmeront le film.Il y a Calles,un président sanguinaire dont la folie criminelle entraînera ce désastre.Pourtant le mec fut un bon président en réalité.Issu de la Révolution Mexicaine il fit beaucoup pour le développement de son pays,avec une certaine réussite,avant de s'engager dans cette douteuse opération de nettoyage.Il semble que ce marxiste franc-maçon ait été aveuglé par sa haine de la religion,qu'il considérait probablement en outre comme un danger,l'influence du clergé pouvant contrecarrer celle de l'Etat.Face à lui vont se dresser Vega,un prêtre-soldat dévoué à sa Cause, Victoriano Ramirez,un paysan féroce combattant surnommé El Quatorce pour avoir tué quatorze fédéraux venus l'assassiner,et José Sanchez del Rio,un adolescent fervent catholique qui sera canonisé en 2005.Il y a surtout le général Enrique Gorostieta,un héros de guerre pas particulièrement croyant mais épris de liberté,qui est recruté par la rébellion à la faveur d'un gros salaire et qui est ravi de quitter la direction de sa fabrique de savon où il s'emmerde grave,car chacun sait que tout militaire qui meurt dans son lit est un jean-foutre.C'est le coup de génie des Cristeros car sous sa houlette ce qui n'était qu'une révolte désordonnée se transforme en guerre organisée menée de main de maître par ce brillant stratège qui va infliger de lourdes pertes à l'armée fédérale,au point de faire vaciller le Pouvoir.Se mêlent à cette mêlée les américains,toujours présents dans les coups foireux,qui envoient un ambassadeur retors afin d'essayer de profiter des difficultés de Calles pour renégocier l'exploitation par les sociétés US des champs de pétrole mexicains.Comme quoi on en revient éternellement aux mêmes problématiques.Le film égrène une litanie de violences atroces à base de meurtres,d'exécutions,de brutalités diverses et de tortures exercées par un pouvoir ne connaissant aucune limite en la matière,et il y a de quoi s'indigner d'autant qu'on n'épargne ni les femmes ni les enfants.Cependant,si les faits sont dans l'ensemble exacts,des libertés sont souvent prises avec la réalité.Par exemple les tortures sur le jeune José et son exécution sont véridiques mais pas l'arrivée de Gorostieta juste après sa mort qui vient punir les militaires,scène ajoutée pour augmenter la dramaturgie.Un très beau casting d'acteurs latinos a été réuni avec un formidable Andy Garcia en Gorostieta,Eva Longoria très séduisante dans le rôle de son épouse Tulita,Ruben Blades joue Calles,pas très bien d'ailleurs,Santiago Cabrera est parfait en Vega et Eduardo Verastegui très bien en Anacleto Gonzalez Flores.Quant à Oscar Isaac il est fantastique dans la peau de l'insoumis Ramirez,prouvant qu'il peut superbement habiter des personnages très différents comme il le fera plus tard dans "A most violent year" ou "Ex machina".Et puis on a la jolie Catalina Sandino Moreno,décidément abonnée aux rôles de révolutionnaires puisqu'elle fut la compagne de Guevara dans le "Che" de Soderbergh,où elle côtoyait déjà Cabrera et Isaac.Quelques anglais ou américains connus sont aussi du voyage avec Peter O'Toole,bien à l'ouest en curé martyr,Bruce Greenwood excellent en diplomate madré et Bruce McGill furtif en président ricain.