Ne vous réjouissez pas vous les hommes,
Car même si le monde s'est levé pour arrêter l'ordure,
La putain qui l'a engendré est à nouveau en rût.
(Bertolt Brecht)

Quoi de plus naturel pour Sam Peckinpah que de choisir pour anti héros de son seul film de guerre, les pires racailles de l'univers - s'éloignant de ses collègues pour qui le patriotisme était une des bases - et de réaliser un des plus grand film anti militariste.

Chaos, nihilisme, désillusions, insubordination, jalousie, mépris, crasse, lâcheté, promiscuité, folie, mort...

Une valse guerrière où les loups acculés, se boufferont entre eux, déchaînant leurs dernières salves de violence.

Rolf Steiner (James Coburn, ce chêne déguisé en roseau) héros pour les hommes, caillou dans la chaussure des officiers - James Mason, la taupe qui voit peu la lumière du jour, Maximilian Schell, l'aristo Prussien ridicule et puant qui vient chercher sa Croix de fer - , harcelé par ses démons, perdant pied peu à peu - son râle final après la mort de l'oiselet russe me sidère -, au festival des éclopés dans une scène où transpire son désespoir déchirant ou abandonné sur ces terres brûlées, revêtant son uniforme de bête de guerre.

Steiner qui choisira "son" monde - ces terres brûlées - à celui des êtres humains - laissant derrière lui cette femme qui aurait bien fait une maison de ses bras pour ce fou -, ce monde qui sent la poudre, la merde, la débâcle, ce monde qui l'accueille avec ce corps incrusté dans cette route boueuse et que les camions écrasent un peu plus, un univers à sa démesure.

Cette faculté qu'avait Peckinpah aussi pour transformer un instant banal, un détail insignifiant - une furtive main passée sur une joue - en une charge frontale contre l'homosexualité. Ce n'était pas qu'un gros con le Peckinpah, il avait une paire de valseuses énormes et si, il y a un film à voir pour s'en rendre compte, c'est celui là.

Rêche jusque dans son final, qui résonne longtemps des éclats de rire du sergent chef Steiner.
DjeeVanCleef
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le 9 mai 2013

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DjeeVanCleef

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