L’originalité de ce film est qu’il traite de la guerre du côté des perdants, d’un point de vue qui n‘est pas forcément toujours représenté, celui de la Wehrmacht. Mais c’est tout, le film n’exploite que très peu les nombreuses possibilités ouvertes par ce choix. Croix de fer n’est pas vraiment différent des innombrables long-métrages américains au sujet de la seconde guerre mondiale, il ne se déroule juste pas dans le camp habituel. Si Sam Peckinpah parvient tout de même à réaliser une œuvre qui se regarde plutôt bien, il n’en demeure pas moins que j’ai déjà vu des dizaines fois ce film et tous les clichés qu’il comporte. Alors oui, voir des hommes qui se battent dans la défaite, c’est intéressant : on pourrait traiter de sujets profonds, de remises en questions, de fanatisme extrême, de déni etc… Ici, rien de tout celà, c’est américain, on se bat comme des héros dans la défaite autour de plein d’actions héroïques face à des hordes d’ennemis impersonnels, c’est Heinrich à Alamo. J’ai cependant apprécié le fait de montrer que ces soldats se sentent étrangers à l’idéologie nazie et même parfois y sont hostiles mais il est dommage que ce ne soit pas plus creusé et que les innombrables clichés du film de guerre gâchent ce potentiel. Il y a tout : la traditionnelle rivalité entre l’officier carriériste et le vétéran qui s’y connait et à qui on ne la fait plus, les ralentis tire-larmes ou pour marquer une action, les héros qui sont gentils avec les méchants alors qu’eux sont fourbes et trahissent cette gentillesse, les opérations commandos stupides et qui ne fonctionnent que parce que le scénariste en a décidé ainsi ou encore l’amourette entre deux séjours sur le front.

Visuellement, le film est pas mal, on ressent l’omniprésence du feu ennemi, et on est proche des hommes du sergent Steiner, interprété d’une manière tout à fait formidable par James Coburn. Les combats sont intéressants, ils sont sales et violents mais ils manquent un peu de dynamisme notamment du fait des ralentis qui n’apportent pas grand chose.

Bref, il faut tout de même être juste avec ce film : il est plutôt bon même s’il est décevant. Il se regarde bien mais il est trop lourd et pas assez nuancé pour être plus qu’un film de guerre sympa (j’ai eu beaucoup de mal avec le jeu de Maximilian Schell qui dresse une caricature de l’officier en quête de prestige et de reconnaissance mais incompétent, ce qui ne le rend pas très intéressant au final). Dommage que l’ambition du film se soit arrêtée à la décision osée mais passionnante de choisir Fridolin comme héros…


Xernay
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le 12 janv. 2024

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