On aurait tant aimé l'adorer, ce petit Cry Macho !
Tant, tout simplement parce que ce film paraît à tout point de vue nourri des précédents travaux d'Eastwood qui, en raison de son âge plus que respectable, semble livrer ici comme une oeuvre testament, une profonde remise en question du mythe révélé sous la houlette de Leone il y a soixante ans. En ressort alors une oeuvre nostalgique, appréciable sur plusieurs bords, mais aussi foncièrement inaboutie.
Clint Eastwood et la révélation Eduardo Minett se complètent très bien, cette relation père/fils en plein coeur de l'intrigue est favorable à quelques jolis moments de tendresse, une facette inédite de la part d'un Bronco Billy bis, combiné avec la verve de Un monde parfait. L'ensemble, accompagné d'une BO très agréable signée Mark Mancina.
Par ailleurs, le film a beau se dérouler à la fin des années 70, il semble curieusement faire des références à l'actualité sociale, notamment à travers les séquences au début durant lesquelles les personnages lorgnent vers le « Je balance à tout va » pour arriver à leurs fins. On peut noter aussi quelques trouvailles amusantes, comme le poulet donnant son nom au métrage.
Seulement, d'un point de revue récit initiatique, c'est tellement le minimum syndical. On aurait eu droit à un film cassant les codes de ce genre si formaté qu'est le road movie, un exploit quelque part à la façon de Ad Astra en 2019 pour donner un exemple récent.
Par exemple, quoique mignonnette, la relation entre Mike et Marta est convenue et peu fouillée. De plus sérieusement, ce all is lost est remâché comme pas permis, et trop rapidement résolu.
Le résultat est prévisible, nettement en deça de celui de La Mule ou autre Richard Jewell, mais a son potentiel. À présent, souhaitons de tout coeur une éventuelle nouvelle production dantesque sur tous les droits, capable de rehausser le niveau de celle-ci, et surtout maintenant cette idée de poursuite chevaleresque sur le tard.