Ce n'est pas vraiment une surprise au vu de sa carrière, mais en pleine vague #MeToo, voir Roman Polanski signer un film aussi « féministe », où quasiment tous les critères du test de Bechdel (vous regarderez ce que c'est si cela vous intéresse!!) sont respectés à la lettre, a quelque chose d'assez savoureux. Au-delà de ces considérations, « D'après une histoire vraie », jugé assez durement par la critique, m'a pourtant paru être assez réussi.
On pourra toujours tiquer devant certains aspects du scénario, notamment quant à une héroïne pouvant paraître bien naïve voire carrément aveugle quant à ce que lui fait subir son « amie », mais la mise en scène extrêmement précise du cinéaste, la relation entre les deux femmes, évoluant de façon inquiétante et séduisante, l'exploitation des lieux, l'atmosphère, les dialogues... Tout est pensé avec intelligence et talent, évitant assez habilement l'adaptation trop littéraire, les différents événements et rebondissements étant plutôt bien amenés, même si certains retiennent plus l'attention que d'autres.
Polanski laisse planer le doute jusqu'au bout, avec une légère cruauté mais aussi une certaine sensibilité, ne répondant jamais avec manichéisme aux questions soulevées. Surtout, le duo Emmanuelle Seigner - Eva Green (j'avoue ne pas bien comprendre les violentes critiques à l'égard de cette dernière, très convaincante aussi bien dans la séduction que la névrose), donnant à cet « affrontement » (que l'on pourrait tout autant qualifier de relation!) une intensité, une étrangeté plus que bienvenue. Une des belles surprises de l'année 2017.