C'est l'histoire (vraie) d'un mec, Ron Woodroof, cow-boy toxico, impulsif et homophobe qui du jour au lendemain apprend sa séropositivité. Selon le médecin qui le suit, il lui reste 30 jours à vivre, mais la volonté de fer de Ron le contredira. Il ressort de cette épreuve métamorphosé. Ce cocaïnomane, macho à la ramasse, décide de faire face au combat de sa vie. Le parcours d'un antihéros interprété par un Matthew McConaughey au sommet de son art (Oscar 2014 du meilleur acteur pour ce rôle, indéniablement mérité).

Ron suit alors un traitement à base d'AZT pour se soigner mais comprend rapidement que cette substance ne le mènera à rien hormis la mort. Il découvrira progressivement qu'il ne s'agit ni plus ni moins d'une vache-à-lait instaurée par les lobbys pharmaceutiques. Après sa rencontre avec un médecin américain radié ayant émigré au Mexique, il se lance dans l'importation massive de médicaments naturels pour les malades du SIDA, substances que le gouvernement et les autorités sanitaires américaines prenaient le soin de verrouiller l'accès par cupidité, et par incompétence. A vrai dire, il faut souligner que l'AZT rapportait environ 10'000 dollars par an et par patient, il aurait logiquement été nuisible pour le capitalisme américain de trouver une sérieuse alternative à ce traitement inefficace aux lourds effets secondaires.

Le commerce du cow-boy, parti initialement d'une démarche mercantile et intéressée, se transforme en une croisade menée de front contre la maladie, et contre les autorités incompétentes qui la gère. Il s'associe dans ce business à Rayon, un travelo homosexuel interprété par un Jared Leto tout simplement exceptionnel (Oscar 2014 meilleur acteur dans un second rôle, amplement mérité également).

En définitive, Dallas Buyers Club trouble de par sa justesse à traiter un sujet à la fois grave, sensible et politique. Ron Woodroof, ce maigrichon dégoûtant et empathique au départ, finit par nous rendre admiratif. Sa lutte se résume avec simplicité par cette métaphore du rodéo: l'homme au chapeau de cow-boy, impénitent mais déterminé, s'accroche impétueusement à la vache virevoltante comme il se cramponne à la vie, à sa survie et à celle des autres.
Palatina

Écrit par

Critique lue 450 fois

13

D'autres avis sur Dallas Buyers Club

Dallas Buyers Club
guyness
7

Dallas, ton buyers univers club impitoyâââ âable

Inutile de revenir sur des choses évidentes, comme le parcours atypiquement prodigieux de Matthew McConaughey et le fait que le bonhomme soit devenu suffisamment intriguant pour que désormais on...

le 3 févr. 2014

109 j'aime

16

Dallas Buyers Club
Gothic
9

Bulls on Parade

[PAS DE GACHAGE/SPOILER FREE] Signé Jean-Marc Vallée et ne versant jamais dans le pathos, "Dallas Buyers Club" nous raconte l'histoire du texan Ron Woodroof, redneck grande gueule (pléonasme ?)...

le 1 févr. 2014

104 j'aime

33

Dallas Buyers Club
Sergent_Pepper
5

"C’était vraiment très intéressant."

Depuis que je fréquente des cinéphiles et que je me penche sérieusement sur la question, je prends progressivement la mesure de ce qui fait la spécificité d’une œuvre cinématographique. C’est un...

le 20 févr. 2014

103 j'aime

19

Du même critique

Caché
Palatina
8

imagerie de la conscience

Un long plan d'un croisement de deux rues, au fond une maison. Tout est statique ou presque, quasi-figé. Nous nous attendons à ce qu'il s'y passe quelque chose. Une femme sort de la maison. Un...

le 13 nov. 2015

48 j'aime

8

Her
Palatina
7

Le cœur à l'épreuve d'une romance informatisée

Un homme. Solitaire. Tendre. Négligemment dépressif. Il est à la fois geek et épistolier talentueux. Théodore (Joaquin Phoenix) manie en effet avec brio les doux mots d'amour, telles que ses rimes...

le 17 janv. 2015

39 j'aime

9

Silence
Palatina
7

La Foi selon Scorsese

On dit qu’aimer, c’est la moitié de croire. « Aimer Dieu » et « croire en Dieu » restent néanmoins deux pans fort distincts, fort distants. Ils se révèlent d’abord être un choix en âme et conscience...

le 10 févr. 2017

34 j'aime

8