Quand on est cinéphile, apprendre qu'un tel projet a pu avoir vu le jour aujourd'hui est une grande satisfaction, surtout lorsque le résultat est à la hauteur. Car il a beau être au fond très classique, « Dalton Trumbo » n'en reste pas moins un biopic exemplaire. Au-delà de saisir avec beaucoup d'authenticité cette terrible période que fût le maccarthysme, Jay Roach parvient à retracer le parcours de ce scénariste (et homme) exceptionnel sans jamais être pesant, le film s'avérant même étonnamment dynamique et un minimum instructif, quand bien même vous seriez un tant soit peu au courant des événements.
Et puis, surtout si on est cinéphile, j'imagine, il y a une profonde émotion à découvrir la genèse de quelques grands titres ayant marqué le cinéma : à ce propos, sans être la plus palpitante, toute la partie concernant « Spartacus » (que le hasard a voulu que je revois deux jours auparavant!) est particulièrement éclairante, tout comme les scènes évoquant « Vacances romaines » et surtout « Quand les tambours s'arrêteront », non sans conséquences politiques.
Seuls (petits) regrets : ne quasiment pas émettre la moindre réserve sur la personnalité complexe de Trumbo, ainsi que quelques figures pas franchement ressemblantes aux originales (celle de John Wayne, notamment!), mais pour le reste, on est presque surpris par l'incroyable vitalité du film (toutes les scènes dans les bureaux des frères King avec un John Goodman en très grande forme sont délectables), d'autant que si tous les seconds rôles sont impeccables (dont une merveilleuse Diane Lane), Bryan Cranston est magistral et sa victoire aux Oscars face à Leonardo DiCaprio n'aurait en aucun cas été un scandale... Belle réussite.