Drôle de séance ce soir au Reflet Medicis. Le toit fuit, ça coule à sauts dans la salle, puis viennent les larmes qui coulent assez abondament aussi, pour un film qui a fait couler beaucoup d'encre (tadam, badge transition pourrie, tu es à moi). On lui a reproché son pathos, son misérabilisme, il arrive dans le top des plus mauvaises palme d'or de criitikat pour cette raison, sa volonté de faire pleurer la ménagère en somme. Mouais ... j'avais pas vu le film, mais quand même, Lars Von Trier me donnait pas franchement l'impression de faire du Eastwood.
Et en effet, il ne s'apitoie pas vraiment sur le sort de cette femme, il s'acharne plutôt. Si il avait voulu faire pleurer il aurait été plus droit au but, Selma parfaite innoncente rêveuse se fait pendre et la femme vit avec ses remords, end of the story, "c'est trop beauuuuuuuu". Mais non le film s'acharne jusqu'à en être insuportable, il y a une volonté de représenté le "mal", une certaine forme de méchanceté, de monstruosité, jusque dans l'innocence.
Car tous les personnages sont innocents et un peu "coupable" (le terme est inadapté mais bon) dans cette histoire. Bill ne peut se résoudre à perdre la face devant sa femme, qui ne elle veut pas quitter son statut social, Katy (une Deneuve excellente) qui ne veut sauver la vie de son amie contre sa volonté; Jeff qui rcontinue jsuqu'au bout à vouloir être l'attache amoureuse, la promesse d'un bonheur auquel elle a tourné le dos. Mais surtout Selma, "Silly Selma" elle le dit elle-même, qui voulait tenir un bébé dans ses bras, venue aux états-unis bercée par un rêve de spectacles de claquettes entre autres choses. Elle s'entête aussi à vouloir garder cette image de travailleuse valide, à vouloir garder ce secret, parce que quand on est quelqu'un de bien on garde les secrets. Aucun de ces comportements n'est en soi répréhensible (cette critique n'est pas de la propagande eugéniste ... du moins par sur les aveugles, on parlera des joueurs de xbox plus tard*), ils sont mêmes relativement normaux. Mais tout cela participe à un tout, une somme de comportement un peu (humainement ?) égoïstes, des grains de sables dans le petit monde qui tourne trop rond. Comment l'innocence crée un des pire déluge de mal, de monstruosité, qu'il nous ait été donné de voir au cinéma.
Pour autant bien sûr on se fait prendre au jeu, qui ne craquerait pas devant Bjork, qui n'a pas volé sa palme, ses petits sourires qui se terminent en grimacent, ses épreuves au quotidien, ses fou rire. Tout ça filmé comme dans un documentaire, mais avec une empathie certaine, puis les chansons de Bjork qui viennent réveiller nos sentiment avec cette superbe BO. On se fait prendre, c'est trop gros et on court quand même (surtout quand on est amoureux de Bjork comme moi), l'avalanche d'effets, kitsch parfois, est là pour nous le rappeler. Ce n'est pas le film qui verse dans le sentimentalisme, c'est nous qui rêvons qu'il le fasse, et la scène de la pendaison n'en est que plus insupportable. Et là encore, on ne peut que se dire que l'on ferait pareil à la place de la gardienne, c'est humain après tout non ? Oui mais c'est pas son boulot, et encore fois la compassion, la sienne comme la notre, ne fait que rendre tout ça pire pour tout le monde.
On se retrouve donc devant un film chaotique, qui est objectivement bien moins manichéen qu'on a pu le dire. Il reste terrible pour spectateur qui ne peut se résoudre à regarder cet opéra paradoxal droit dans les yeux. Comme souvent avec Von Trier, c'est une épreuve, on peut les fuir, mais cela reste un film marquant.
*Toi aussi participe à mon programme une xbox achetée, une vasectomie offerte !