Romain Duris qui vient de faire exploser son empreinte carbone rentre satisfait dans son appart parisien hors de prix. Il retrouve son ex-femme et surtout sa fille, atteinte d'une maladie rare la contraignant à vivre dans une pièce médicalisée, coupée de tout contact avec le monde extérieur. Suite à une brève secousse sismique, une mystérieuse brume blanche particulièrement toxique envahit toute la ville, empoisonnant en quelques secondes des parisiens pourtant immunisés aux odeurs du métro (c'est dire). Réfugiés au dernier étage d'un immeuble à l'abri du smog, les parents vont devoir survivre, protéger leur fille bloquée dans sa bulle et comprendre l'origine de ce phénomène.
Sauf que non. Car ce dernier point n'intéresse en aucun cas le réalisateur, le fantastique semble être le cadet de ses soucis. Les péripéties attendues s'enchaînent mollement, sans impact et sans aucune conséquence. Mathieu tombe dans la Seine -> Mathieu sort de la Seine 2 minutes plus tard un peu mouillé. Anna se fait courser par un chien -> Anna sème le chien et continue son chemin. Mathieu tombe sur un flic survivaliste belliqueux -> il tue le flic survivaliste belliqueux et c'est reparti pour un tour. Le film coche les cases tranquillement, en mode automatique.
Et puis, vient la dernière scène et tout s'éclaire enfin. Daniel Roby n'avait pas envie de raconter une histoire de brouillard magique. Il avait envie de proposer un récit dans lequel des enfants-bulles échangent leur place avec le reste de l'humanité. L'unique objectif du film est d'arriver à ce point précis, tout le reste du scénario a été pensé en aval, je suis prêt à le parier. La brume, élément central allant jusqu'à figurer dans le titre de l'œuvre n'est qu'un artifice pour mettre Romain Duris en bocal, c'est tout. Pas étonnant que cet élément surnaturel soit traité par dessus la jambe.
Le problème, c'est que le spectateur est justement venu pour voir ça, lui. On ne peut pas trop lui en vouloir, tout a été vendu là-dessus. "Un film de genre français", voilà la promesse.
Une promesse qui ne sera jamais tenue. D'où vient la brume? Pourquoi est-elle là? Est-elle présente ailleurs? Pourquoi les enfants-bulles sont-ils immunisés? Comment la société humaine va-t-elle tenter de faire face? Pourquoi personne n'a visiblement eu l'idée de se mettre à l'abri en hauteur? Des questions qui ne seront pas vite répondues. Et attention, je n'ai rien contre le fait de laisser certains éléments libres à l'interprétation. Sauf qu'ici, l'élément fantastique n'est absolument pas traité, il n'est là que pour placer les personnages dans la situation qui nous intéresse. Le côté mystérieux n'est d'ailleurs pas du tout indispensable, on aurait pu remplacer cette brume par n'importe quelle catastrophe naturelle qui aurait justifié de mettre Romain Duris en conserve à la fin (une épidémie par exemple).
C'est dommage, d'autant que certains choses fonctionnent tout de même. J'aime bien le couple Duris - Kurylenko par exemple ou l'idée d'aborder la condition des enfants-bulles. Et ce concept d'inversion des rôles est très séduisant lui-aussi. Mais 1h30 de vide pour une seule idée ça fait long...
Au moins, ça fera peut-être baisser le prix de l'immobilier parisien.