Après avoir vu 3 films signés Christophe Honoré, je crois pouvoir affirmer que sa sensibilité et son style ne me parlent pas des masses.
Et pourtant, ce "Dans Paris" est d'assez loin l'œuvre qui m'a le plus touché de sa part.
En fait, il y a vraiment deux facettes distinctes à cette comédie dramatique très inégale.
D'une part, le versant sentimental du film, qui concerne principalement les vestiges de l'histoire d'amour finissante entre Romain Duris et Joana Preiss, aura eu le don de m'agacer.
Cette relation amoureuse nous est contée selon une chronologie déstructurée, rythmée par des afféteries de mise en scène assez crispantes de la part d'Honoré, dans un esprit très proche de la Nouvelle Vague.
A contrario, la partie familiale de l'œuvre aura réussi à me toucher, Honoré distillant une atmosphère douce-amère originale, à la fois chaleureuse et empreinte de douleur.
Le réalisateur breton trouve alors un ton très personnel - à l'image de ces personnages singuliers, aussi pénibles qu'attachants, qui traversent le récit - et parvient paradoxalement à toucher à l'universel.
Ainsi, l'appartement péniblement décoré aux couleurs de Noël, grâce aux efforts solitaires du père (Guy Marchand, émouvant), risque de rappeler des souvenirs à nombre d'entre nous...
Dans le même ordre d'idée, j''ai également beaucoup aimé la longue séquence de la visite de Marie-France Pisier (encore un hommage indirect à Truffaut), qui dit beaucoup sur la psyché de chacun des membres de cette famille "normale" mais en souffrance.
Un mot enfin sur les deux comédiens principaux, qui défendent leurs personnages peu aimables avec conviction : Louis Garrel crève l'écran dans la peau de ce post-adolescent jouisseur et immature, tandis que Romain Duris joue la carte de la sobriété avec talent, dans un rôle très intériorisé.