Impossible de rester insensible devant cette œuvre magnifique, le problème étant que le sujet de la Seconde Guerre mondiale au japon, et par incidence la bombe atomique d’Hiroshima, a déjà été traité maintes et maintes fois par le genre, « Gen d’Hiroshima » (1 et 2), « Le tombeau des lucioles » (avec le bombardement de Kobe), sont ceux qui me viennent tout de suite en tête (mais je me souviens d’en avoir vu beaucoup d’autres). Du coup, on a malheureusement l’impression d’un film répétitif, aussi instructif soit-il. Ici, la fiction s’invite dans les faits historiques, avec l’histoire de Suzu (tout à fait romancé, mais réaliste) qui déménage pour un mariage arrangé, et qui devra apprendre à vivre dans un nouvel environnement au gré des assauts des bombardiers. Sans spoiler, on devine très vite que la fin sera dramatique (je vous rappelle le contexte de seconde guerre mondiale), par ailleurs l’œuvre ressemble une fois de plus à ce qui s’est déjà fait dans le passé.
Le Japon a une blessure dans son histoire et dans sa culture souvent reflétée dans les animes nippon, « Dans un recoin de ce monde » démontre une fois de plus que les stigmates de la catastrophe d’Hiroshima sont encore bien présent, avec une plaie pas tout à fait refermer, 70 ans plus tard. L’histoire de ce film, du peu qu’on ait vu tous les autres traitants du même sujet, ne nous surprendra pas, bien entendu l’émotion reste intacte, et l’effet dramatique atteint son paroxysme dans les dernières minutes de l’œuvre. La première heure est un peu barbante, je dois le dire, mais elle permet de se familiariser et de créer un lien avec les personnages. Le message que l’on retiendra, et le plus important, c’est qu’en dépit de la catastrophe et des milliers de morts, la vie perdure.
Côté technique, j’ai adoré l’animation, avec ce rendu un peu brouillon, ou plutôt qui ressemble à de l’aquarelle (même si ça n’en ait pas). J’ai trouvé ça joli, subtil et efficace. La définition des personnages est crédible. J’ai aussi été sensible à la dimension poétique illustrée par la passion de l’héroïne pour le dessin.
Beaucoup de qualité en somme, mais je ne visionnerais pas le film une seconde fois, car c’est une œuvre qui demande de l’exigence auprès de son public, de par son format de deux heures notamment, et des séquences parfois inutiles. Les tranches de vie décrites durant un tiers du film ne méritent pas non plus d’y retourner. C’est presque comme une intrusion anodine dans la vie de ces gens, des passages qui souvent n’apportent aucun élément essentiel au récit. Cet aspect contemplatif aura tendance à me gonfler.
C’est donc un ressenti plutôt mitigé pour moi, mais comme je reconnais tout de même volontiers les grandes qualités de l'oeuvre, je n’hésite pas à lui attribuer une bonne note.
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