Qu'on leur coupe la tête !

Quelle mystérieuse Reine de Cœur s'est insidieusement infiltrée dans la Révolution française en cette année 1794 ? Le grand rasoir national, empaqueté, sous la pluie battante, attend la venue prochaine du passager du carrosse qui s'engage, soucieux, sur la place de Grève. Il lui jette un regard. Elle l'attendra encore un peu.

Sur un scénario de Jean-Claude Carrière, auteur de La Controverse de Valladolid, c'est un épisode de la Terreur qui nous sera ici conté.

Ambiance sinistre, et pour cause : à l'enivrement de la Révolution proprement dite succède la désillusion de cette première République qui épelle tant bien que mal ses premières idées dans le capharnaüm général.

Paris boueux, Paris crasseux, Paris affamé.... mais Paris libéré ?

Du joug de la monarchie des Bourbons certes, mais pas de la menace d'un Robespierre prompt à utiliser la menace des invasions et de la guerre civile pour faire du Comité de Salut Public le foyer d'une dictature naissante, sérieux péril pour la Convention, l'Assemblée Nationale en gestation qui s'accroche encore à ses prérogatives démocratiques dans un parfait bordel.

Musique désaccordée, hurlements d'un bébé, et les portraits se succèdent : "Salut et Fraternité", dit le fringant Saint-Just à son ami Maximilien, présenté comme de constitution débile et paranoïaque en puissance.

Une spéciale chapeau : bicornes, tricornes, une mer de bonnet phrygien portés à la canaille par les uns ou ornés d'une belle plume bleu-blanc-rouge pour les plus chics. Suivez mon panache tricolore !

Camille Desmoulins, journaliste, porte-parole des idées neuves, son imprimerie saccagée par ceux qui ont peur des mots.

"Citoyenne", on s'adresse par ces mots à sa voisine de palier.

Des cocardes, des gilets de prix aux couleurs de la République, des écharpes bigarrées ceignent la taille. La mode se résume à trois couleurs.

On l'attend, on l'attend longuement, on ne nous parle que de lui ! Danton, enfin ! Le titre et le personnage principal.

Tiens, Jacques Villeret est venu aussi...

Ça y est, il entre en scène, et c'est Gérard Depardieu qui s'y colle. On avait dit rigolard, truculent et haut en couleur. Donc on fait comme d'habitude ? Banco Jacques !

Quelques gesticulations emphatiques plus tard, une question se pose au Comité : comment supprimer les anciens amis devenus gênants car un peu trop envahissants ? On les accusant d'activités contre-révolutionnaires, pardi ! Les purges staliniennes, la nuit des longs-couteaux, on fait du tri au XX° siècle, mais aussi pendant la Terreur. Personne n'est à l'abri.

On chante la Marseillaise pour montrer qu'on se désolidarise de celui qui la veille galvanisait la foule assemblée à la Convention, on s’étripera demain et on regarde du coin de l’œil qui portera le premier coup de poignard dans le dos.

Tu quoque, mi filii.

Laissons le mot de la fin à la défense : "La Révolution est comme Saturne, elle dévore ses propres enfants".

Le dernier jour d'un condamné, Danton et ses amis à la Conciergerie, l'exécution de la sentence implacable est imminente. Ça sent le roussi et pour cause : ça pisse bientôt le sang des patriotes sur la place de Grève.

Le rideau tombera bientôt aussi pour Robespierre, laissons-le encore un moment se rassurer en écoutant cet enfant qui lui récite - balbutiant comme la jeune République - les premiers principes de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

Drôle d'époque où l'extrême-droite n'avait pas encore le quasi-monopole des symboles de la République...

Et puis Depardieu aimait bien la France...
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le 27 mai 2013

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