Clin d’œil (ou hommage?) balourd au passage superflu d'Isabelle Adjani par la case musique, David et Madame Hansen se révèle être un téléfilm ennuyeux, dont les ficelles grossières sont tirées par un Alexandre Astier que l'on a connu en meilleure forme.
Pourtant sur le papier, le projet avait l'air alléchant puisque le film devait signer le grand retour d'Adjani dans un premier rôle au cinéma depuis La Journée de la Jupe, avec aux commandes Alexandre Astier, censé montrer l'étendue de ses multiples talents en endossant à la fois le rôle de réalisateur, de scénariste et d'acteur. Il s'en est même fallu de peu pour que Madame Hansen soit un Monsieur Hansen, interprété par Alain Delon. Heureusement, celui-ci aurait refusé. Non vraiment, c'est un mal pour un bien, car Alain Delon n'avait pas besoin d'un navet pour venir ternir un peu plus son image d'acteur légendaire en disgrâce.
En revanche à la lecture du scénario, ça commence à se compliquer un peu. On se dit "bon ok, ce n'est pas original, Adjani va encore camper le rôle d'une folle. " Mais après tout pourquoi pas ? Astier s'est révélé être un réalisateur novateur et plutôt déconcertant avec sa série Kaamlott. Voyons donc.
Et là, patatra. Si l'on pouvait s'attendre à de l'originalité, à un peu d'impertinence ou un mix des deux, les premières minutes sont un calvaire qui ne fait que s'accentuer au fil des scènes. Isabelle Adjani n'est plus que l'ombre d'elle même et semble s'auto-flageller dans une caricature digne d'un Saturday Night Live. Tout y est pour verser dans le cliché: les lunettes de soleil, la perruque ridicule, l'histoire de femme riche et honorable ayant vécu un terrible drame et sombrant dans la folie ( Coucou la Reine Margot ?)... Pas une seconde on n'y croit. Le grotesque se poursuit au rythme de scènes insensées (songeons au directeur de la clinique, ou encore au jeune frère dessinant un poisson sur la porte pour calmer une Adjani hystero...) pour atteindre son apogée dans un plan troublant de coïncidence où Isabelle touche littéralement le fond de la piscine.
D'un ridicule absolu, elle doit révéler au spectateur crédule qui n'aurait pas encore compris (malgré tous les indices pas si subtils semés dans le scénario) que madame Hansen a perdu un enfant noyé dans sa piscine.
Nous sont alors révélées dans une explication logique les raisons des traumatismes d'Adjani : sa fascination pour la vitesse et les belles voitures, son anxiété à propos du manque de surveillance etc.
La fin, toute aussi grotesque, est un feu d'artifice d'absurdité où se mêlent retournement de situation convenu et delirium pseudo résolution de trauma psychologique.
Finalement, David et Madame Hansen fait se succéder des instants de gêne profonde dans une esthétique visuelle proche du téléfilm allemand de 14h sur France 3. L'histoire ne tient pas debout et souffre d'un traitement bien trop conventionnel. Dommage, on sent même dans la parodie à outrance poindre le talent incroyable d'une Isabelle Adjani qui règne de manière absolue sur le théâtre français depuis un certain nombre d'années maintenant.
Bref, une belle impression de gâchis que ne méritaient vraiment pas deux artistes de grand talent.