Evidemment je suis partisan d'un cinéma qui s'intéresse au temps, à la durée, et fan de James Benning, mais chez Benning il y a une musicalité des plans entre eux, une rythmique, une combinatoire, quand dans ce Days je ne perçois qu'un vague bout-à-bout de plans trop longs, où il ne se passe presque rien (et où le peu qui se passe est un peu mièvre (la boîte à musique... j'ai cru qu'on était dans Eternal Sunshine ou Amélie Poulain)).
Tsai Ming-Liang, cinéaste qui a si bien su filmer le vertige du vide en soi, et trouver à cette sensation des expressions physiques, corporelles, mais aussi plastiques, s'est mis depuis Les Chiens errants à filmer une nature (nature du geste, nature de la douleur, nature de l'être humain). Je regrette le temps où il filmait une condition et le combat que quelques personnages livraient avec ou contre celle-ci.
D'ailleurs on voit bien que les choses sont plus compliquées, que le cinéma ne saurait se contenter d'une série d'états (de compositions). Le plaisir du cinéaste est évident (le montage le trahit) quand, tandis que Lee Kang-Sheng est endormi sur le fauteuil d'une chambre d'hôtel, on aperçoit par la fenêtre, au loin, sans qu'un son ne nous parvienne, un hélicoptère se poser sur le toit d'un immeuble.
Au fur et à mesure du film, j'avais envie de crier : le cinéma n'est pas de la peinture ! La preuve que Tsai Ming-Liang ne fait plus de cinéma, c'est qu'il ne travaille plus du tout le son de ses films, plat, banal, collé, fondu dans l'image.