Remake de « Fingers » (seul film intéressant du médiocre James Toback), Jacques Audiard et Tonino Benacquista ont quitté le monde glauque des bookmakers, drogue et prostitution. Ils ont choisi l’immobilier des marchands de bien véreux, qui permet au héros de gagner sa vie (moralement c’est à peine mieux). Délaissant également le côté sulfureux et très sensuel de l’original, il était nécessaire de meubler avec des présences féminines. Ce sont l’aventure avec la femme délaissée et cocufiée d’un collègue et les cours avec une concertiste chinoise. Pour étoffer encore davantage les scénaristes ont créé un antagonisme père fils mais au sein duquel la mère défunte semble anecdotique. Ainsi, certains les trous et down de l’original sont gommés. Malheureusement les hauts également. Le héros de « Fingers » est un virtuose, ce qui ajoute une dimension par rapport à « De battre mon cœur s’est arrêté ». Donc même si globalement le remake français est meilleur d’un point de vue purement cinématographique, il reste toutefois en deçà sur le plan émotionnel. Encensé par la critique et multi césarisé, le film tient essentiellement par un casting d’exception avec en tête Romain Duris habité par le rôle. Mais aussi Niels Arestrup, mélange de douceur et de violence, d’amour et de haine, l’étonnante Aure Atika, sensuelle comme jamais, forte et fragile, blessée mais optimiste. Sans oublier Linh Dan Pham qui après Indochine (1992) et Jamila (1994) avait quitté ce métier pendant onze ans. Enfin, la réalisation doit aussi beaucoup à la musique d’Alexandre Desplat. Pas évident entre Bach, Mozart, Chopin, Brahms, Liszt, Debussy et Tchaïkovski. Malgré les réserves, Jacques Audiard réussi un très bon film, même si n’est pas le chef d’œuvre annoncé.