Un jour il faudra m'expliquer.
Vraiment.
M'enfermer dans une pièce et m'expliquer comment et pourquoi un film comme celui-ci peut être récompensé par huit césars.
Et ne me laisser sortir qu'une fois la leçon comprise.
Alors je sais bien que les prix ne veulent rien dire, qu'ils sont choisis par un microcosme parisien sélect' un peu détaché du monde normal... mais quand même ! 8 césars, aussi insignifiants soient-ils, signifient pourtant bien quelque chose. Ils récompensent un film et le talent de ceux qui y ont contribué.
Le talent de ceux qui y ont contribué, je veux bien l'admettre est souvent indéniable. Les acteurs, Romain Duris le premier, sont impressionnants. Le film à une patte certaine et est très cinématographique.
Mais bon dieu, quid de l'histoire !
Partir d'une idée originale (et encore) ne fait pas tout : les tentatives de rachat d'un connard.
Mais ici le connard n'est même pas attachant. Rien ni personne n'est attachant ou plaisant dans ce film. Rarement des films auront présenté autant d'éléments "inattachants" en même temps.
Si l'on se penche sur les personnages, tous dégueulent de vulgarité et de violence refoulée (ou non) et deviennent vite, très vite, insupportables (à l'excepté du personnage de la pianiste chinoise, à qui l'on réserve malheureusement le sort final le plus ridicule de l'histoire du cinéma français).
Il n'est pas question ici de se comporter comme un bisounours, fleur bleue sur les bords, qui considérerait qu'un film ne présentant que des personnages méchants, abjectes et détestables l'est à son tour.
Que Nenni.
Beaucoup, et ce dans tous les arts fictionnels, l'ont fait. Que l'on pense à la série des Soprano qui nous présente des personnages tous plus ridicules et inhumains que les autres, ou le fameux Orange Mécanique du maître Kubrick, sur lequel je n'ai pas besoin de m’appesantir.


Tout cela ne m'aide pas à faire remonter Duris dans mon estime. Si son talent est indéniable, on pourrait pourtant coller une étiquette "CONNARD" sur le front de tous ses personnages, aussi bon soit son jeu...


Bon mais de ce postulat, montrer en style immersif la vie d'un connard qui tente de ne plus être un connard, Audiard, il en fait quoi ?


Si encore l'histoire pouvait nous faire avaler ses personnages abjects, la note serait moins sévère.
Pourtant Audiard parvient à faire de son film un film chiant. Terriblement chiant.
Il est très rare d'écrire ça, surement car il est très rare de le voir aussi admirablement prononcé, mais dans "De Battre Mon Cœur s'est arrêté" il ne se passe RIEN. Aucune histoire précise, juste une série d'historiettes inutiles et de scènes qui le sont tout autant.
Le film accumule les scénettes absurdes qui scénaristiquement ne servent à rien et cinématographiquement ne servent à rien. L'ensemble est donc totalement bancal, et l'histoire fluide sans cesse ponctuée d'effets très cinématographiques modernes, comme si le réalisateur tentait de prouver sa jeunesse et sa modernité (ellipses ridicules, scènes musicales à la pelle,...) et l'on a de cesse de se demander "Tu tente de dire quoi là ? De prouver quoi ?".


Si encore le style pouvait nous faire avaler ses personnages abjects et l'histoire atrocement chiante, la note serait moins sévère...
Encore une fois, que nenni.
La caméra d' Audiard est sale, maladroite, sans âme ni style et, si l'on occulte quelques rares plans réussis, l'ensemble est terriblement laid.


Si encore la musique pouvait nous faire avaler ses personnages abjects, l'histoire atrocement chiante et le style pourri, la note serait moins sévère.
Là encore (et promis après je m'arrête) que nenni.
Si Alexandre Desplat n'a aujourd'hui plus rien à prouver, ses violons larmoyants et criards sonnent ici comme la cerise sur le gâteau gâté. De plus, et c'est surement ce qui rend la musique si désagréable et insupportable durant le visionnage, Audiard la fait revenir sans cesse, par touches de courts instants redondants, censés souligner un moment quelconque de l'intrigue. Au final la musique est gratuite, mal utilisée et profondément gavante.
A l'image du film en soit...


Huit Césars ? Vraiment ?
Un jour il faudra m'expliquer.

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le 24 juil. 2015

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Charles Dubois

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