Après avoir été envoûté par ma découverte de "Noce blanche", je reste un peu sur ma faim avec son prédécesseur dans la filmo de Jean-Claude Brisseau, prof de français de métier, qui connaît donc bien la jeunesse des banlieues.
"De bruit et de fureur" pose un diagnostic terrible sur cette jeunesse perdue (échec scolaire, misère sociale, violence, exclusion...) tout en s'éloignant de la chronique naturaliste, Brisseau préférant basculer dans un onirisme noir et dans une forme de mysticisme.
Le style poétique voire surréaliste du réalisateur parisien, riche de symboles (l'oiseau, la mystérieuse femme nue...) ne manque pas d'audace ni d'un certain charme à la fois glauque et enfantin, mais ne m'aura pas vraiment parlé à titre personnel.
La lecture attentive de plusieurs critiques élogieuses ne sera pas parvenue à m'éclairer complètement sur les qualités supposément admirables du film.
J'en déduis que c'est vraiment une question de ressenti personnel, et pour ma part je n'ai donc pas été transcendé.
Pour autant, je n'ai pas détesté la proposition très singulière de Brisseau, loin de là.
Plusieurs séquences m'ont interpellé, et j'ai apprécié certains personnages, en particulier celui de Bruno Cremer (en marginal anar' et désabusé, volontiers violent et amoral) ou celui de son "fils" François Négret, jeune comédien prometteur qui ne fera pourtant pas une grande carrière.
Cela dit, l'ensemble m'a paru excessif et parfois caricatural, et j'ai même trouvé qu'une forme d'amateurisme se dégageait de certaines scènes, la faute notamment aux quelques comédiens non-professionnels.
A revoir peut-être dans quelques années, en connaissant mieux l'univers de Brisseau.