Entre film de gangsters laborieux et drame familial poussif, "De guerre lasse" n'est sauvé du ratage total que par sa mise en scène soignée : photo élégante aux couleurs délavées, offrant un regard atypique sur la ville de Marseille (à l'opposé des clichés touristiques) ; effets sonores immersifs ; scènes d'actions efficaces (baston au corps à corps, crash automobile) - mais hélas trop rares.
Le point de départ se révèle classique mais assez prometteur, avec le retour en ville d'un ancien banni (Jalil Lespert), qui souhaite visiblement régler quelques comptes avant de disparaître définitivement.
Hélas, plus le récit avance, moins on est convaincu par les péripéties convenues et les secrets de Polichinelle qui constituent le scénario du deuxième long-métrage d'Olivier Panchot.
Le massif Jalil Lespert compose un légionnaire crédible mais hautement antipathique (déjà dans "Pigalle, la nuit", je l'avais trouvé imbuvable, je sais pas si ça vient de moi?), le genre de type qui tente de voler un baiser à son ex au bout de deux minutes, après avoir disparu pendant 4 ans sans donner la moindre nouvelle, et sachant qu'elle est désormais en couple...
C'est une Sabrina Ouazani toute jeunette qui incarne la demoiselle en question, visiblement prête à lâcher une situation en or pour suivre ce cinglé en cavale.
Tchéky Karyo, Hiam Abbass, Mhamed Arezki et Jean-Marie Winling complètent cette distribution honorable sur le papier, mais hélas mal dirigée et surtout mal servie par des dialogues indigents.
Si l'on ajoute un problème de rythme qui finit par installer un certain ennui, et un dénouement raté précédé d'un climax aussi expéditif que peu crédible, on comprendra que "De guerre lasse" a bien mérité son échec en salles, et que ma note de 4/10 apparaît même généreuse.