Le film prend place en une brûlante journée d’été, durant laquelle une mère et sa fille rejoignent la prison de Fleury-Mérogis où, « de sas en sas », les deux femmes accompagnées d’un groupe composé de différentes classes sociales et de différents caractères vont s’affronter dans la fièvre estivale qui hante les 1h22 minutes du film. Ce huis-clos étouffant enferme le spectateur à son tour dans cette prison faite de bruits violents et de bouillonnement nerveux et physiques. Dans la prison se retrouvent enfermés et déshumanisés les détenus comme les visiteurs, qui, enfermés et contrôlés, sont traités en criminels ; et finissent par le devenir dans la scène de combat finale. Le traitement serré et étouffant de l’espace, dans lequel les personnages se cherchent, s’observent et se heurtent, est renforcé par la superposition de grilles dans un bâtiment coffre-fort. La claustrophobie des scènes se fait ressentir davantage avec intensité. L’atmosphère, bien que pesante dès l’ouverture du film, connaît une explosion de violence à chaque nouvelle pièce franchie. C’est une véritable montée en puissance de la tension, un crescendo dramatique, où chaque nouvelle pièce est témoin d’une nouvelle scène déchaînée entre les acteurs. Cela contribue à donner une impression de pièce de théâtre, renforcée par le huis-clos et par la temporalité réelle : le film subit peu de coupures, de sorte que le spectateur vit la même temporalité que les protagonistes, tout comme au théâtre. L’impact émotionnel et enserrant de l’action n’en est que renforcé ; et l’identification du spectateur aux protagonistes aussi. Ainsi, la salle du Festival est Arcs, en plein hiver, a ressenti la chaleur pesante et la soif dont les personnages sont victimes, voire même l’envie pressante de sortir de cet endroit confiné. C’est donc un véritable travail sensitif sur le spectateur que ce film, tant il joue sur les bruits, les silences, les échanges de regards meurtriers ou bienveillants, les gestes maladroits ou agressifs. Toute la mise en scène entraîne le spectateur comme les personnages dans un tourbillon, une véritable descente aux enfers rythmée par la fermeture progressive des portes de la prison.