J'ai été attiré par ce film de Nadine Trintignant en découvrant que le co-scénariste n'était autre qu'Alain Corneau, peu avant que celui-ci ne se lance à son tour dans la réalisation.
De fait, "Défense de savoir" s'inscrit assez bien a posteriori dans la période (prolifique) de Corneau consacrée au polar social à la fin des seventies, qui accouchera de réussites aussi marquantes que "Série noire", "Le choix des armes" ou encore "Police python 357".
Certes, "Défense de savoir" se situe un bon cran en-dessous de ces futurs standards, mais on peut y voir des similitudes avec les thématiques, les personnages et les ambiances qui irrigueront le cinéma de Corneau.
Il s'agit d'un polar social à la structure narrative originale, puisqu'on découvre l'intrigue par fragments successifs, chaque protagoniste partageant avec le spectateur une parcelle de l'affaire le temps d'un flashback, avant de céder la place au personnage suivant, et ainsi de suite tout au long de l'enquête menée par un petit avocat solitaire, chargé de défendre une femme accusée du meurtre de son compagnon.
C'est l'occasion pour Nadine Trintignant et son co-scénariste de proposer une radiographie assez large de la société française des années 70. Le film démarre ainsi dans un milieu très défavorisé (barres HLM, intérieurs crasseux, petites magouilles) avant de s'intéresser à une famille de grands bourgeois, dont le pater familias est également candidat à la députation.
Nul manichéisme ne sera heureusement à déplorer de la part de ces artistes dont le cœur penche à gauche, puisque chacun sera représenté avec ses qualités et ses défauts.
Habituée à travailler en famille et entre amis, Nadine Trintignant parvient à constituer un casting de premier plan, réunissant notamment sur le tournage son ex-mari (Jean-Louis Trintignant) et leur fille Marie, ainsi que son frère Serge Marquand (sans oublier son compagnon Alain Corneau, évidemment).
Cette petite troupe est complétée par de bons comédiens tels que Charles Denner, Michel Bouquet, Claude Piéplu, ainsi que Bernadette Lafont et Juliet Berto.
Quelques bémols viennent hélas ternir le tableau : on regrettera ainsi un rythme assez inégal, un scénario parfois confus dont le dénouement n'est pas forcément très crédible, et une photo triste et baveuse, conférant à "Défense de savoir" un aspect formel dénué de charme.