Au générique, on est d'abord surpris de ne pas voir le logo emblématique de la Shochiku, qui représente le mont Fuji, mais celui de la Toho ; après les succès des Sept Samouraïs ainsi que de Godzilla, le studio a voulu se payer un auteur du calibre d'Ozu pour ce qui sera son avant-dernier film.
Le responsable d'une brasserie, veuf, est un homme âgé, et s'interroge sur le devenir de ses trois filles. L'une est mariée, l'autre est veuve, et la dernière refuse les prétendants, et assume son célibat.
La découverte d'un film d'Ozu est toujours un grand plaisir à mes yeux, c'est aussi le plaisir de retrouver Stesuko Hara, celle qui reste seule, dans une présence toujours aussi magnétique, et une mise en scène qui ne change pas, avec caméra au ras du sol. Mais il ressort de tout cela une grande chaleur, une humanité, voire une mélancolie à travers ce vieil homme joué par Ganjiro Nakamura, au départ perçu comme un roc, mais qui cache quelques petites fêlures ça et là, notamment sur sa double vie, qui vont le mener peu à peu au déclin de sa santé.
Dernier caprice est également un film en couleurs, et il faut dire que c'est toujours magnifique de découvrir des endroits naturels, comme ceux filmés du Kansaï, car on peut se dire que cette région japonaise ressemblait à ça en 1961.
Enfin, sous ses couverts conservateurs, Yasujiro Ozu parle tout de même d'une société qui change peu à peu, où les femmes peuvent avoir leur droit de cité, leur indépendance à l'image de Setsuko Hara, et qu'il faut se libérer du carcan patriarcal car la conclusion est que chacun doit vivre sa vie comme il l'entend. Mais le tout assené avec une grande tendresse pour les personnages, et qui, à l'apogée de la carrière d'Ozu, le rendent plus humaniste que jamais.