Le film de José Giovanni séduit par sa simplicité, sa limpidité et, d'une certaine façon, son classicisme. C'est un polar à la française, c'est-à-dire attaché à des portraits vrais, populaires; et ce qui en fait un des films les plus réussis de José Giovanni, c'est précisément que les personnages, une fois n'est pas coutume de la part du cinéaste, sont épargnés par les stéréotypes.
Lino Ventura incarne un flic de la criminelle aux brillants états de service qui se voit lâchement rétrogradé après qu'il a arrêté le fils d'un notable influent. Dans son petit commissariat parisien, on lui confie un travail impossible : retrouver un témoin capital pour un procès à venir.
C'est le début d'une course-poursuite compliquée, d'un travail d'investigation minutieux et aléatoire au côté de son adjointe idéaliste. Le couple contrasté Ventura-Marlène Jobert fonctionne avec efficacité et charme, et constitue moins un duo héroique ou redresseur de tort qu'un couple de fonctionnaires ordinaires confrontés aux réalités policières. C'est en tout cas l'impression qui prévaut au regard des nombreuses auditions de témoins (des non-professionnels pour la plupart, dont l'utilisation renforce le réalisme du récit).
Mais, au bout du compte,
cette traque haletante d'un témoin et de sa petite fille
n'est-elle pas symbolique? peut-être peut-on voir, à travers la silhouette blanche et gracieuse de la fillette entrevue, le souci de vérité et de justice qui anime l'action résolue des personnages de Jobert et Ventura.