Korean rapsodie
En 2013, lorsque Bong Joon-Ho et Park Chan-Wook avaient traversé le Pacifique pour rejoindre l'usine à mauvais rêve Hollywoodienne, on craignit alors un occidentalisation décevante des meilleurs...
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le 29 août 2016
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Le film de zombies est un sous-genre du cinéma d’horreur qui a gagné ses lettres de noblesse au cinéma grâce au sous-texte politique des chefs d’œuvre de George A. Romero. Zombie et sa critique de la société de consommation ont eu une descendante fertile. Depuis, de nombreux cinéastes se sont frottés au genre avec quelques vraies réussites ( 28 jours plus tard de Danny Boyle, L’Armée des morts de Zack Snyder, remake de Zombie et bien sûr la série The Walking Dead ). Le principe est simple : des morts reviennent à la vie et ne sont pas contents, si bien qu’une poignée de non-infectés tente de survivre… Sauf que vous pouvez compter sur l’imagination fertile du cinéma sud-coréen pour corser l’affaire...
Contrairement aux choses lentes et hébétées qui traînent leurs pantalons déchirés chez George Romero, eux sont des rapides. Ils cavalent à toute blinde derrière leurs proies, comme une meute de rats affamés aux yeux blancs, d'autant plus flippants qu'ils opèrent en milieu clos, à l'intérieur d'un train lancé à pleine vitesse, plein d'innocents voyageurs. Là aussi, c'est une première : l'horreur est sur des rails, dans une enfilade de wagons. Le réalisateur déniche dans chaque recoin de cet espace étroit, tout en longueur, des occasions de suspense et de formidables idées de mise en scène...
Pourquoi ne pas simplement arrêter le train pour s'enfuir ? Parce que dehors c'est pire. Les zombies sont partout, le pays est à feu et à sang, l'état de siège est déclaré. Lancés à pleine vitesse vers la seule ville ( peut-être ) épargnée, les passagers doivent tenir. Le film se concentre sur un petit groupe de survivants, plutôt bien sentis : un père divorcé et sa fillette, une femme enceinte, un blagueur costaud, deux ados, un homme d'affaires : une microsociété, où se combattent lâcheté et courage, solidarité et individualisme, héros et salauds...
Si le postulat de base peut laisser penser à une imitation de production américaine, les qualités du cinéma coréen apparaissent assez rapidement. Yeon fait le choix de ne pas multiplier les prises de vue, ce qui renforce l’impression d’être dans un train à taille humaine, et rend la menace encore plus évidente. Le procédé montre une réelle efficacité même si les amateurs d’effets spéciaux tilteront sur certains détails. En s’écartant de la surenchère d’un World War Z, le film sait tirer juste ce qu’il faut d’énergie pour maintenir le spectateur en alerte...
Dernier Train pour Busan se révèle donc un spectacle redoutable, solide, porté par une réalisation assurée. Il aligne de belles idées narratives, des images mémorables ( dont l’un des plus beaux suicides de cinéma ), de gros moments de tension et, disons-le tout net, une longue séquence d’anthologie dans une gare assaillie. De quoi rappeler une énième fois que le cinéma sud-coréen est l’un des plus flamboyants et excitants au monde !!!
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le 19 août 2016
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Quand je mate un film de zombies non parodique moderne, j'ai de nombreuses occasions de soupirer. C'est un genre assez codifié et le nombre d'histoires faisant intervenir ces charmants punching-ball...
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