Ce qu'il y a de bien avec les films fantastiques, c'est qu'ils nous racontent sous forme de métaphore.
Et dans la grande famille des films fantastiques, le film de zombies, c'est un petit peu le cauchemar qui montre du doigt la fragilité de nos sociétés civilisées.
A ce jeu, Dernier Train pour Busan s'en sort admirablement bien.

Réalisé par le Sud Coréen Yeon Sang-ho, le film s'intéresse à un golden boy qui a sacrifié sa famille sur l'autel de la réussite professionnelle. Ce choix lui a valu un divorce, et le rejet de sa fillette. A sa demande et à contrecœur, il accepte de l'accompagner à Busan chez son ex-épouse, pour qu'elle y fête son anniversaire.

Simple formalité.

Sauf qu'à la suite d'une alerte bactériologique, une série de manifestations violentes éclate un peu partout dans le pays. Une jeune femme, visiblement victime d'une de ces échauffourées se faufile de justesse dans leur train. Et va tout faire basculer.....
Habile croisement entre 28 jours plus tard de Dany Boyle, World War Z (sans Brad Pitt, désolé les filles!), et Snowpiercer de Joon-ho Bong (tiens, tiens, un autre réalisateur sud coréen!), le film réunit tous les ingrédients d'un bon film pré-apocalyptique. Et cerise sur le gâteau: évitant le piège du manichéisme simpliste, il réalise l'exploit de donner de la consistance aux principaux protagonistes. Chacun a ses raisons d'agir, et ces raisons font écho à nos propres valeurs et nos choix de vie. Pris au jeu de l'ascenseur émotionnel, nous sommes tour à tour écœurés puis émus par ce père qui subit de plein fouet la conséquence de ses actes; touchés par sa fille, victime collatérale du divorce de ses parents, qui garde malgré tout les valeurs altruistes propres à l'enfance; révoltés par le comportement de certains passagers, qui n'a rien à envier à celui primaire et destructeur des "contaminés". Mais ce comportement, tellement humain, nous pousse à nous poser la fameuse question: et nous, qu'aurions-nous fait à leur place?
Avec Old Boy, grand prix du jury lors du Festival de Cannes 2004, la Corée du Sud nous donnait un aperçu saisissant de son cinéma sans concession.

Après The Strangers, thriller fantastico-policier sorti également cet été , Dernier train pour Busan nous confirme son intarissable vitalité.
Vous l’aurez compris, c'est un train qu'il serait vraiment dommage de rater.

katshu
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le 15 sept. 2016

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