Des lendemains qui chantent par Sarah Lehu
Mai 1981. Olivier (Gaspard Proust) et Léon (Pio Marmai) deux frères, fêtent la victoire de la gauche incarnée par François Mitterand avec leur ami d'enfance Sylvain (Ramzy Bedia). L'émotion et la joie sont si forts que Léon finit dans les bras de Noémie (Laetitia Casta), une belle et jeune militante.
Malheureusement, l'idylle est courte entre les deux amants et la vie les sépare. Ils se retrouvent par hasard à Paris, quelques années plus tard alors que la gauche déchante déjà. Olivier joue à l'opportuniste et monte sa boîte de communication, Noémie est devenue conseillère présidentielle, Sylvain surfe sur la vague du minitel rose, quant à Léon, fidèle à lui-même, il est journaliste sans concession et enchaîne les rédactions de presse.
Nicolas Castro, brosse ainsi vingt années d'une politique de gauche avec ses mensonges et ses petites victoires, une histoire d'amour entre le peuple français et la gauche qui s'est finie par une douche froide en 2002, incarnée par la montée en puissance du Front National mené par Jean-Marie Le Pen.
Un portrait assez juste et dans l'ère du temps de la politique et des vains espoirs du peuple français en des idéaux de gauche.
Nicolas Castro s'attaque donc à son premier long-métrage de fiction avec cette comédie à la fois générationelle et fichtrement contemporaine par certains aspects.
Des lendemains qui chantentest dans l'ensemble une bonne surprise. S'éloignant des thèmes privilégiés des comédies de ces dernières années, il sait mêler aspect documentaire et pure fiction. En effet, sur fond d'images d'archives, de clins d'oeil amusé et nostalgique aux années 80/90, Nicolas Castro n'oublie pas de construire une vraie relation entre son quatuor de personnages que nous voyons ainsi s'aimer et se désaimer sur une période de vingt années sous l'oeil bienvaillant du père de Léon et Olivier, interprété par André Dussolier dont la présence à l'écran fait toujours mouche.
Souvent drôles, les situations sont justes tout comme les sentiments de nos personnages. Là où l'ambition de ce premier film est contrariée c’est très certainement dans l'écriture des dialogues qui sonnent souvent faux et caricaturaux. Trop appuyées, les intentions nous font malheureusement souvent sortir de cette attachante comédie. Et ce n'est pas le jeu de notre duo de frères qui sauve le mise. Gaspard Proust ne semble pas s'approrier totalement son personnage.. Quant à Pio Marmai, il ne décolle pas vraiment lui non plus. Restent le jeu sans chichis de Laetitia Casta et l'émotion de Ramzy Bedia qui nous font dire que nous sommes bien en train de regarder un film d'une certaine qualité.
Enfin, Nicolas Castro ne semble pas se décider entre le portrait sociétal et la douce romance... ce qui rend le film malheureusement un peu plat. Pas assez politique alors qu'il y avait de quoi faire, les résonnances entre 2002 et la vie politique contemporaine étant assez troublantes.
La critique politique est timide et les rebondissements romanesques entre nos personnages un peu trop prévisibles et pourtant, cela fonctionne bien. On ressort de ce film avec le sentiment étrange d'avoir ri, aimé et pourtant, d'avoir eu peur pour la France.
A voir.