Lorsque j'y pense, cela fait un bon moment qu'un film de Cédric Klapisch m'a vraiment plu, et pourtant je ne peux m'empêcher d'attendre chaque nouveau titre avec une certaine impatience, une nouvelle fois pas réellement justifiée. Justement, j'en attendais trop, porté par un sujet auquel je suis sensible et des critiques souvent élogieuses. J'ai même eu énormément de mal à entrer dedans, craignant un temps que cela soit sur le même rythme 110 minutes durant. C'est assez mou, plat, ne proposant rien d'original ou de personnel sur le quotidien des trentenaires (parisiens) aujourd'hui. J'étais même vraiment contrarié de ne rien ressentir à ce point : ni saveur, ni rires, ni réflexion... Pas déplaisant, juste inexistant.


Et puis, « Deux moi » finit par décoller, lentement mais sûrement, vers
quelque chose de plus sensible, touchant. On est très loin du septième ciel, mais au moins vole t-on à mi-hauteur, ce qui est déjà pas mal. Ce qui me paraissait banal s'est ainsi transformé en jolis moments, que ce soit par notre meilleure connaissance des personnages qu'une écriture prenant la mesure de chacun, ou encore certaines scènes


(les discussions avec leurs psychologues respectifs, excellemment incarnés par Camille Cottin et surtout François Berléand),


certaines idées


(l'arrivée du chat dans la vie de Rémy)


amenant clairement un peu de baume au cœur à un spectateur qui, sans être captivé, devient au moins réceptif à ce qu'il voit.


Enfin, si François Civil s'avère légèrement effacé (c'est probablement aussi le rôle qui le veut), Ana Girardot fait à nouveau preuve d'une belle sensibilité en jeune femme fragilisée par se précédente relation. Sans doute aurait-il fallu donner un peu plus d'épaisseur à certains seconds rôles (la plupart des caméos tombent à plat), mais on se contentera du joli numéro de Simon Abkarian, Eye Haïdara ou Rebecca Marder (sans oublier les deux cités précédemment), la bande-originale, sans être mémorable (hormis la chanson du générique, peut-être), s'avérant souvent plaisante. Bref, loin d'être un titre majeur de son auteur, plutôt décevant si l'on en attend trop (comme c'était clairement mon cas), « Deux moi » a au moins le mérite de se bonifier sur la durée pour porter un regard assez juste sur la solitude presque inhérente ressenti à un moment ou à un autre par cette génération (la mienne) : pourquoi pas.

Créée

le 29 sept. 2019

Critique lue 580 fois

5 j'aime

Caine78

Écrit par

Critique lue 580 fois

5

D'autres avis sur Deux moi

Deux moi
Docteur_Jivago
7

Dans sa Bulle

S'il y a bien une constante dans les thématiques du cinéma de Cédric Klapisch, c'est de mettre en scène le passage à l'âge adulte, avec une légèreté pouvant cacher des aspects plus graves, ainsi que...

le 25 sept. 2019

42 j'aime

2

Deux moi
EricDebarnot
7

Le chat et les deux thérapeutes

Klapisch est un cinéaste inepte, et la grande majorité de ses films sont incroyablement surestimés. D'ailleurs je ne crois pas avoir jamais "aimé" plus de 5 minutes de son cinéma, qui mélange...

le 13 sept. 2019

28 j'aime

19

Deux moi
mymp
6

Tout à l'égo

D’un côté il y a Mélanie, la trentaine monotone, chercheuse en immunologie cancéreuse. De l’autre (enfin juste à côté, dans l’immeuble collé au sien), il y a Rémy, la trentaine lui aussi, provincial...

Par

le 12 sept. 2019

28 j'aime

1

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du monde
Caine78
3

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

le 25 sept. 2021

25 j'aime