L'amour au temps de Tinder, de Facebook et autres réseaux sociaux. Faire des rencontres amoureuses n'a jamais paru aussi facile. Pourtant, cela n'a jamais été aussi compliqué.


Bref, un des messages du film, c'est que pour se donner un maximum de chances de croiser le grand amour, c'est de sortir, de faire des activités et de rencontrer des gens. En plus, c'est ce qu'il y a de meilleur pour le moral.


Et à ce niveau-là, Cédric Klapisch nous laisse longtemps mariner dans le suspense. Comment ces deux âmes solitaires vont-ils réussir à enfin se rencontrer et pas juste se croiser sans se regarder (oui, le suspense du truc n'est pas s'ils vont finir ensemble, mais comment !) ? Dans l'épicerie arabe du coin ? À la pharmacie ? Lors d'un cours de danse ? À cause d'un chat fugueur trop mimi ? Grâce à leurs psys ? Grâce à la musique ? Parce qu'ils vivent dans le même immeuble, au même étage ?


Rien que pour cela, on tient jusqu'au bout, on a envie de savoir, j'ai eu envie de savoir ! Et oui, c'est con, cela a été employé et réemployé des milliers de fois et pourtant ça a fonctionné sur moi.


Mais on a aussi le droit à un portrait plus large de la société. Le travail y est plus harassant et aussi peu gratifiant que jamais. On n'y est qu'un anonyme parmi tant d'autres lorsqu'on vit dans une grande ville. Le quotidien y est morne (au passage, l'ingénieux générique de début nous fait tout de suite plonger, implacablement et efficacement, dans l'environnement étouffant et anxiogène qui est le nôtre !).


Autant dire que l'on n'a pas de mal du tout à s'identifier et à avoir immédiatement un coup de cœur pour nos deux protagonistes, joués avec talent par François Civil et Ana Girardot ; ils sont mimis tout plein (presque autant que le chat !). Et j'ai beaucoup aimé aussi la galerie de personnages secondaires, comme Klapisch sait les concocter dans ses sommets, elle est savoureuse et les acteurs sont excellents (Berléand, Cottin, les fidèles du cinéaste Abkarian et Soualem, etc. !).


Ce que j'apprécie dans la plupart des films de Cédric Klapisch, c'est cette énergie, cette fraîcheur, ces personnages croqués efficacement en peu de temps, ce regard teinté d'affection sur ceux qui font ce qu'ils peuvent pour (sur)vivre dans la société tout en cherchant le bonheur. Deux moi a tout cela, intégré dans le monde dans lequel Internet a pris place définitivement et d'une manière écrasante. En résumé, une comédie romantique qui a compris son époque.


Mais j'ai tout de même un reproche à formuler concernant les scènes qui mettent les personnages en face des traumatismes de leur passé. Je pense que, non seulement, cela n'apporte pas grand-chose. La réalité quotidienne peut tout à fait se suffire à elle-même pour faire plonger dans les méandres de la dépression. J'ai trouvé également ces séquences clichées, sans subtilité psychologique, pas du tout à leur place par rapport au reste. Bref, en trop, car c'est juste essayer d'ajouter de l'émotion trop facile et trop lourde à un ensemble qui n'a pas du tout besoin de cela pour être touchant.


Mais, dans sa globalité, j'ai passé un très bon moment devant ce film qui, par ses nombreux atouts, dégage un charme auquel il serait dommage de résister.

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le 18 avr. 2022

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Plume231

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