Pourquoi n'arrivé-je pas à m'emballer outre-mesure pour « Diamant noir » ? Pour une fois qu'un titre contemporain s'inscrit dans la grande tradition du Film noir, soignant un minimum sa réalisation, son scénario, ses personnages, offrant un dilemme moral intéressant, il serait dommage de (trop) faire la fine bouche. S'il y a bien certaines imperfections dans le déroulement, quelques détails ou réactions nous échappant, il y a une vraie réflexion quant à la manière de mener ce récit et d'y intégrer les protagonistes le parcourant, sans que quiconque ne soit idéalisé ou caricaturé : juste des hommes plongés dans le monde des affaires dans lequel ils cherchent à percer. Je crois que c'est plus un problème d'identification, d'attachement aux uns et aux autres, ne me sentant jamais autant impliqué que je ne le souhaiterais. À moins que ce ne soit également la présence de Niels Schneider qui, tout en livrant une prestation convenable, n'apparaît pas assez ambigu pour le rôle.
Certaines pistes ne sont qu'à moitié exploitées, notamment la sous-intrigue tournant autour de Luisa. Mais bon, au moins voilà un film qui se tient, se déroulant dans un milieu plutôt inhabituel, attentif à ses décors et réussissant vraiment certains seconds rôles (notamment celui de Abdel Hafed Benotman dans un rôle de mentor « à l'ancienne », que celui-ci a dû prendre beaucoup de plaisir à jouer au vu de son existence mouvementée), la dernière ligne droite ranimant un peu la flamme d'une œuvre par ailleurs assez froide, le dénouement, pouvant paraître un peu « facile », s'avérant assez cohérent, ni trop sombre ni trop cynique (et donc prévisible). Bref, un « Diamant noir » qui, sans susciter l'enthousiasme, aura su ressusciter, même en mode mineur, ce genre passionnant qu'est le Film noir : ne serait-ce que pour ça, le voyage à Anvers peut valoir le déplacement.