Sous des dehors de comédie romantique à l'eau de rose, Breakfast At Tiffany's cache un pur joyau. Holly Golightly, interprétée par l'espiègle et magnifique Audrey Hepburn, est une voleuse d'oeufs devenue belle et gracieuse new-yorkaise, courtisée par tant d'hommes, et un peu perdue, ne sachant trop où aller, rêveuse et poétesse, guidée par le souci de venir en aide à son frère Fred, parti à l'armée. A cette vie de zigzags à la recherche imprécise du mari assez riche à défaut d'être idéal, et surtout d'être aimant, le film parvient à donner une unité organisée par un vrai amour, en filigrane, celui de son voisin bienveillant et sensible, l'écrivain Paul Varjak. Et cet amour n'est jamais évident, jamais marqué, il est toujours suggéré - avant d'être martelé quand il le faut vraiment. Il se cache derrière la vie quotidienne, se rend subtil et fin, il se détecte plus qu'il ne se dit, il se chante plus qu'il ne se déclare - "Moonriver", interprétée par Audrey Hepburn, est d'une beauté infiniment touchante -, il transparaît à chaque image dans la relation de Fred/Paul et Holly, dans la façon de filmer simple, légère et tendre de Blake Edwards et dans la merveilleuse musique de Henry Mancini, qui mêle humour et romantisme. Le film pose la question, froissante pour un esprit actuel, mais lancinante pour tout amoureux sincère : peut-on revendiquer, lorsqu'on aime quelqu'un d'un amour authentique et pur, et que, donc, l'on est prêt à s'y donner corps et âme - à lui appartenir -, que celui-ci nous appartient aussi ? L'esprit actuel répond sans hésiter : non, évidemment non, personne n'appartient à personne, sauf à y consentir, et encore. Diamants sur canapé nous montre que ce n'est peut-être pas aussi simple et acquiert, en donnant la forme esthétique ravissante qui convient à ce questionnement profond, le statut de grand film.