Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Le livre d'Edouard Louis est salutaire : il montre ce que peu de gens montrent en littérature, dans l'art, ou dans les médias, si ce n'est pour s'en moquer, ou pour les dédaigner : les classes populaires. Elles ont leurs croyances, leur façon d'être bien particulière, à certains égards critiquables - l'homosexualité est en particulier complètement rejetée, ce qui est insupportable à vivre pour le personnage principal - mais leurs égratignures incessantes aussi. La beauté du bouquin réside dans ceci : sa neutralité "axiologique". Le narrateur ne juge pas ce qu'il voit, il se contente de nous exprimer son ressenti en tant qu'individu, les conséquences de ce qui se produit dans son environnement. Il ne juge pas le racisme, dont on saisit qu'il est en grande partie formaté par l'avènement au coeur du débat public et médiatique de la problématique sécuritaire, ni l'homophobie - il se contente de montrer l'effet qu'a cette homophobie sur lui. Toujours essayer de retracer une logique de cause à effet.
L'intérêt du livre est ainsi qu'Edouard Louis ne se contente pas de raconter sa vie, mais qu'il est le sociologue de sa propre vie, tentant de décrire les logiques sociales sous-jacentes aux comportements qu'il observe. Cependant, on peut parfois regretter le caractère auto-centré du livre. Si l'on conçoit son intérêt cathartique (la souffrance morale et physique qu'a dû endurer Edouard Louis en raison de son homosexualité est difficilement imaginable pour un esprit actuel), on peut déplorer le fait qu'il nous impose parfois certains passages de sa propre vie dont le cas n'intéresse pas nécessairement tout l'univers. Il tombe aussi souvent dans un exhibitionnisme mal venu. La littérature est aussi un art de la suggestion : était-il besoin de décrire de façon aussi détaillée ses premières expériences sexuelles, par exemple ? Le réalisme est parfois utilisé avec raison par l'auteur, mais on aimerait plus de pudeur, parfois.
Au total, une lecture intéressante que je recommande !

Créée

le 5 sept. 2018

Critique lue 218 fois

1 j'aime

Critique lue 218 fois

1

D'autres avis sur En finir avec Eddy Bellegueule

En finir avec Eddy Bellegueule
Clment_Nosferalis
2

Beaucoup de haine et peu d'intérêt

Note de 2024 : Cette critique fut écrite il y a une douzaine d'années. La magie (?) des algorithmes fait que, comme elle était abusivement négative, elle a reçu beaucoup de mentions "j'aime" et s'est...

le 21 oct. 2014

33 j'aime

10

En finir avec Eddy Bellegueule
eloch
7

En finir avec l'écriture de soi

On peut dire que ça commençait mal, j'avais peur qu'on nous refasse le coup de l'autobiographie à 21 ans avec la mère en pleine puissance (le rejet, l'amour mal masqué) et le dégoût du passé... Mais,...

le 12 févr. 2014

31 j'aime

8

En finir avec Eddy Bellegueule
punitor
2

Quand médiatique rime avec pathétique

J'en ai fini avec Eddy Bellegueule et croyez-moi ou pas, j'en suis ravi. Voici sans doute un des livres dont tout le monde ou presque a entendu parlé et en effet comment ne pas être ému : l'auteur,...

le 12 mars 2014

21 j'aime

Du même critique

Diamants sur canapé
JulesOlivierovitch_B
9

"People do belong to each other, because that's the only chance anybody's got for real happiness."

Sous des dehors de comédie romantique à l'eau de rose, Breakfast At Tiffany's cache un pur joyau. Holly Golightly, interprétée par l'espiègle et magnifique Audrey Hepburn, est une voleuse d'oeufs...

le 13 sept. 2020

1 j'aime

Une femme sous influence
JulesOlivierovitch_B
9

Une claque

Première rencontre avec John Cassavetes, et je ne suis pas déçu du voyage ! Ce film ne ressemble à aucun autre. Au début, on se demande ce qu'on regarde, on comprend mal. Le cinéaste ne nous donne...

le 13 mars 2017

1 j'aime