Chez Marvel, on aime les personnages hors-norme ! Après les scientifiques pas ordinaires, les dieux, les machines et les pirates de l’espace, c’est donc au tour des magiciens et des sorciers en tout genre de faire leurs débuts au sein du MCU. Moins convenu que les derniers Superman, Batman et autres Spiderman, ce Dr Strange bénéficie dune trajectoire moins linéaire que les habituels super héros en collants. Le convoquer, qui plus est dans un MCU faisant honneur aux héros « réalistes » de son catalogue, intriguait donc à plus d’un titre et laissait entrevoir la possibilité pour la firme d’enfin prendre des risques et pleinement respecter l’univers qui est le sien, rompu aux plus extravagantes iconographies...
Un personnage qui change de voie, un guide spirituel pour l’aider, un méchant qui sert de moteur à la transformation du héros… tous les ingrédients de l’origin story sont là ! Et pourtant, Doctor Strange a quelque chose d’à la fois très familier et de très inhabituel. Familier, parce que c’est un Marvel et que, avec presque 15 films au compteur maintenant, les studios ont eu largement le temps de peaufiner leur recette. Inhabituel, car quand on regarde Doctor Strange, on oublie parfois que l’on regarde un Marvel justement...
Pour le coup, et c’est là la belle surprise du film de Scott Derrickson, l’univers du Sorcier Suprême assume ses outrances visuelles et nous propose à plusieurs reprises des séquences hallucinantes de beauté visuelles stupéfiantes. Grâce à une 3D remarquablement utilisée, les nombreuses scènes jouant sur la magie se plaisent à tordre l’espace, le bouleverser et le ré-agencer. Le résultat est souvent enchanteur, parfois psychédélique, tour à tour inventif et référentiel, usant de faux jeux de miroir, jusqu’à découper dans la Dimension Miroir, l’écran en une myriade d’espaces qui évoquent malicieusement les cases d’un comics sous LSD...
Cette richesse jubilatoire ne va pas sans de gros emprunts, puisque Doctor Strange pille abondamment Inception. Mais le film pousse ses concepts de puzzle urbains bien plus loin que n’osa le faire Nolan. L'opportunisme devient un brin agaçant quand il plagie sans vergogne certaines séquences (notamment l’affrontement dans un couloir à la gravité malmenée). Sans doute un peu facile, mais diablement efficace...
Malgré un format des plus conventionnels qui l’empêche de sortir autant du lot qu’on l’aurait souhaité et de devenir le meilleur film Marvel, Doctor Strange est un excellent opus. Porté notamment par sa magie et sa mise en scène très visuelles, son humour efficace, son très bon casting (Benedict Cumberbatch et Tilda Swinton en tête) et plusieurs moments véritablement mémorables, le film de Scott Derrickson maitrise la majorité de ce qu’il entreprend. Difficile de faire beaucoup mieux en moins de 2h avec autant de choses à introduire. On aurait simplement apprécié que le fond et la narration profitent de la même graine de folie qui est assurément présente dans la forme !!!