Matteo Garrone peut-être rassuré, le seul film digne de ce nom portant le titre de Dogman est bien le sien. Que Besson ait eu l'intention de revenir à ses propres fondamentaux pour effacer ses soucis récents, judiciaires et financiers, a tout de l'évidence, au vu de la personnalité de son héros : humiliation, solitude, rage, entre autres ingrédients pour accéder à la marginalisation et à la violence, son cocktail préférentiel est connu. Mais dans un film qui s'adresse davantage aux cynophiles qu'aux cinéphiles, et encore, ses limites sont criantes et les emprunts à d'autres long-métrages trop voyantes. Alors, hormis dans les instants les plus apaisés et confidentiels, où l'on apprécie les qualités de jeu de Caleb Landry Jones, Dogman oscille entre scènes misérabilistes (les débuts façon Cosette) et grotesques (Édith Piaf en fait les frais), avec une utilisation de nos amis à quatre pattes qui dépasse de loin l'anthropomorphisme de Disney. En tous cas, il n'est plus question de réalisme mais pas non plus de fantastique comme avait pu le faire Kornél Mundruczó dans l'exceptionnel White God. Faut-il pour autant jeter le film aux chiens ? Bien que Besson ressemble à une bête blessée, le fait qu'il retombe dans ses travers habituels ne donne vraiment pas envie de lui donner des circonstances atténuantes. Et ce n'est pas le dénouement du film, assez ridicule, qui incite à changer d'avis.