Réalisé la même année que son chef d'oeuvre Soleil Vert, le vétéran Richard Fleischer signe avec ce Don is Dead, un polar post-Le Parrain qui ne s’embarrasse qu'à de rares moments des apparats psychologiques affiliés au genre, pour mieux dérouler un impitoyable jeu de massacre entre caïds de la pègre.
Porté par le charisme naturel d'un Anthony Quinn vieillissant, et par la maestria de son auteur quand il s'agit d'apporter du rythme et une ambiance ténébreuse à une mise en scène exclusivement basée sur la résultante pétaradante et explosive des actes commis par ses protagonistes et des conséquences qui en découlent, Ce Don is Dead est un film de gangster de haute volée réalisé un peu à la manière des spécialistes du genre transalpin. On pourrait aisément imaginé un Umberto Lenzi ou un Enzo G. Castellari derrière la caméra.
Exposant à vau-l'eau tous les artifices esthétiques du cinéma d'action seventies, Fleischer n'essaye jamais de copier son illustre modèle, Le Parrain en l’occurrence, on peut aisément imaginé Anthony Quinn dans un rôle à la Brando, ce qui n'est quasiment jamais le cas, et filme à sa manière, c'est à dire avec énergie et une non-économie de fusillade en tout genre, un immense jeu de massacre à la violence sèche, la scène du matraquage à coup de batte de base-ball du traître au milieu du désert du Nevada a pu inspirer Scorsese deux décennies plus tard pour son monument d'ultra-violence qu'est le passage de passage à tabac de Joe Pesci dans Casino.
Très porté sur l'action et les scènes de fusillade, Don is Dead n'en oublie pourtant pas de s'attarder sur le personnage du vieux chef de clan qui semble, le temps de la décadence venu, vouloir se racheter une conduite, passée l'illusion d'une jeunesse révolue. Il connaîtra l'amour pour une dernière fois sous les traits d'une jeune et jolie chanteuse aux ambitions non cachées. Un amour illusoire, comme les portes d'une rédemption qu'il tente d'ouvrir une dernière fois. Ce ne sera pas sans une réelle émotion qu'il sera montré sous le joug d'une dernière danse avant le grand saut, par un cinéaste-artisan de grande classe comme l'aura presque toujours était Fleischer.
Du bis décomplexé qui aurait parfois mérité un traitement moins porté sur la pétarade et l'exposition, et plus sur le développement psychologique des personnages, mais qui s'assume en tant que tel.