Les années passent depuis "la grande bagarre" en 1955. Six ans plus tard, Carmine Gallone remet le sujet sur la table.
"Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage" : on en est qu'à deux fois pour Gallone, quatre fois si j'inclus Duvivier. Heureusement pour ce qui me concerne il n'en reste plus qu'un ...
En 1961, les Don Camillo et Peppone ont pris quelques cheveux blancs et du galon. Il fallait séparer les deux individus avant qu'ils commettent l'irréparable. C'est comme dans l'administration, pour écarter quelqu'un d'encombrant, il suffit de lui filer une promotion. L'un se retrouve évêque au Vatican et l'autre sénateur à Rome.
Mais l'un et l'autre ont atteint leur niveau d'incompétence suivant le bien connu "principe de Peter".
L'évêque se révèle incapable d'assurer son job de "public relations" avec son anglais très défaillant et le sénateur n'a pas la souplesse intellectuelle de bien comprendre les subtilités du louvoiement en politique de règle dans les hautes sphères.
Par ailleurs, depuis la mort de Staline, Khrouchtchev et Eisenhower soufflent le chaud et le froid sur les relations Est/Ouest ; le scénario du film prend en compte une période de Détente internationale entre les deux blocs et l'utilise comme une nouvelle source de gags. Nos deux irréductibles, qui profitent de la première occasion pour fuir Rome et se retrouver à Brescello, la ville entre le fleuve et la montagne, vont jouer avec une subtilité toute relative sur ce nouveau concept.
On savait, dans les épisodes précédents, que derrière les mots et les actions violentes, il y avait du respect voire de l'amitié entre les deux hommes. Dans cet épisode, le niveau de relation évolue encore un peu car les deux veulent s'entraider mais il ne faut pas que ça se voit. Il y a donc de grands moulinets pour faire illusion afin de trouver tranquillement le chemin de l'entraide. En cela, les deux personnages me semblent avoir perdu du punch.
Je me suis même fugitivement interrogé sur les intentions de Carmine Gallone qu'il avait voulu laisser dans ce film. A voir comment sont décrits les fonctionnements voisins de l'Eglise Catholique et celle du Parti Communiste qui donnent l'impression de relever de la même logique... Mais je pense qu'il s'agit juste d'un fantasme de ma part.
Quelques bons gags avec l'avidité bien peu communiste de Peppone alors qu'il vient de gagner le gros lot au loto sportif sans intention de partager ou encore au "miracle" qui accompagne l'impossibilité de déplacer la (micro) chapelle sur le terrain où doit être construit des logements sociaux.
Globalement, le film "Don Camillo Monseigneur" perd encore un peu de sa vigueur et de son intérêt malgré les bonnes prestations de Gino Cervi et de Fernandel.