Eh ba, en voilà un drôle de film venant bouger l'image presque parfaite de Joseph Gordon-Levitt jusqu'ici. Le jeune homme n'épargne personne et surtout pas lui-même, quitte à ce que son film fasse parfois vraiment beauf. C'est d'ailleurs un peu sa limite : on ne sait jamais s'il faut prendre ça au premier ou au quinzième degré, si bien que c'en est parfois presque embarrassant. Cela dit, il faut reconnaître à l'ami Joseph un sens du montage nerveux donnant du dynamisme à l'ensemble (à défaut du bon goût), et que son héros a beau être grave 90% du temps, il faut lui reconnaître une vraie lucidité sur ses congénères masculins dans lesquels il s'intègre totalement.
Du coup, ce personnage a beau souvent nous gonfler et l'acteur-réalisateur souffrir ici d'un narcissisme aiguë, le propos n'est pas idiot et l'œuvre gagne en épaisseur au fil des minutes, pour mine de rien aborder pas mal de sujets. Il peut enfin compter sur deux actrices superbes : Scarlett Johansson, dans un rôle nettement moins idéal qu'à première vue, et Julianne Moore, inattendue et particulièrement émouvante. Bref, malgré ses nombreux défauts, cette très, très, très, très libre adaptation de « Don Juan » peut toutefois séduire à certains égards, notamment dans son cheminement, inattendu, et sa volonté de refuser la bien-pensance si souvent typique à ce genre de récits. Plutôt intéressant.