Yes! Je pressentais que ce "Don Jon" pouvait être un joli pavé dans la mare de la rom'com' hollywoodienne, et je ne me suis pas trompé!
Enfin une romance où on parle de sexe pour de vrai, d'abord, ce qui change de 99% de la production US, à moins de tomber dans les teen movies pour ados attardés, où le fait de parler crûment est l'argument marketing et le corollaire d'un humour scato.
Ici, Joseph Gordon-Lewitt réussit la gageure de parler d'un jeune homme porn addict sans éviter les "vraies" questions, tout en ne froissant pas (trop) les censeurs puritains d'outre-Atlantique.
D'autre part, une vraie sensibilité vient contrebalancer ces dialogues crus, même si du coup la fin tombe vaguement dans une forme de mièvrerie évitable.
J'ai lu quelque part que finir le film sur le son du PC qui s'ouvrirait une dernière fois, comme un pied de nez à la morale, aurait été autrement plus funky : entièrement d'accord avec cette idée!
Outre le côté trash et ludique du film, sa critique sous-jacente de la famille américaine moyenne, de l'Eglise catholique et de la société toute entière, le film de JGL bénéfice de qualités formelles bien réelles : le lascar possède un véritable sens de la mise en scène, notamment visible dans son montage elliptique innovant, avec ces cuts inattendus pour passer d'une scène à l'autre.
J'ai aussi apprécié la répétitivité des séquences, illustrant le côté mécanique dont Jon mène son existence au départ, avant que divers symboles viennent marquer son évolution dans ces mêmes séquences.
L'ensemble est esthétiquement de forte inspiration MTV, mais pour ma part je considère "Don Jon" comme un très bon divertissement, dans lequel Scarlett Johansson campe avec aisance une pouffiasse intégrale, et Julianne Moore incarne l'amour mature et rédempteur.