Adam McKay n'a certainement pas le cynisme désabusé voir la méchanceté suffisants pour que son film fonctionne vraiment, préférant donc plus le faire tourner autour de la comédie bouffonne et régressive de ses débuts plutôt que vers la critique politique acerbe et particulièrement efficace de ses deux précédentes œuvres.
Son Don't Look Up est néanmoins souvent drôle, par l'intelligence de son montage et l'absurde de certaines de ses situations (même s'il adresse très précisément à un public américain), et résolument ambitieux dans la masse énorme des sujets qu'il aborde, parfois presque trop dense dans sa critique d'à peu près tout (bêtise ambiante, sur fond de crise écologique et pandémie auxquelles on ne peut évidemment que penser, de fake news, de médias corrompus, de star system décérébré, de réseaux sociaux polluants, de politiques idiots qui abandonnent l'intelligence publique au profit du monopole mégalomaniaque du secteur privé, etc.).
Le rythme soutenu ne baisse jamais pendant ses 2h30 et le casting (incroyable) tout entier, comme des parodies d'eux-mêmes, incarne des rôles jubilatoires avec un plaisir de jeu visible et communicatif.
Mais la vraie force du film vient probablement de sa dernière partie, lorsque les cris d'alertes deviennent tragiques et que le ton général étonnamment poétique (avant de virer à nouveau vers le burlesque), et sa conclusion inévitable, qui en font au final une œuvre aussi délirante que volontairement stupide, terrifiante autant que pathétique, sorte d'Idiocracy des années 2020, avec tout ce que cela comporte de débile et de lucidité, à défaut d'être vraiment subtil, engagé et visionnaire.