Un superbe cadeau de Noël cinématographique vient de tomber du ciel! C’est le cas de le dire et il tout autant corsé que génialement satisfaisant. Et c’est sur la plus célèbre plateforme de streaming qui se tourne de plus en plus vers le cinéma d’auteur ou indépendant, rassemblant de plus en plus d’auteurs de qualité, qu’il est disponible. C’est le cas de le dire « Don’t look up – Déni cosmique » est une bombe. C’est le film somme d’une époque malade et qui marche sur la tête. Il montre par le biais d’une satire féroce et sans concession, la déliquescence d’un monde absurde et de sociétés devenues complétement folles. A l’heure d’une crise sanitaire instrumentalisée, de divisions politiques de plus en plus clivées ou encore d’un changement climatique qui annonce une fin du monde de plus en plus prégnante, ce long-métrage fait du bien et remet les pendules à l’heure pour qui saura en saisir les subtilités. La comète vue dans le film représente à peu près tous les maux qui gangrènent l’Humanité avec une intelligence folle et un sens de la dérision jubilatoire. Et ça aurait pu être très déprimant, mais avec un humour grinçant et salvateur qui tire à boulets rouges sur tout, cette œuvre riche parvient à la fois à être amusante et divertissante.
Les partis politiques, les puissances d’argent, les GAFAM, le showbiz ou encore le politiquement correct et par-dessus toute la bêtise généralisée en prennent pour leur grade dans un condensé de cinéma pamphlétaire maîtrisé de bout en bout. Ce qui frappe le plus c’est que le scénario n’épargne rien ni personne mais permet aussi une certaine réflexion. Tous les comportements humains sont écorchés dans un joyeux bordel qui rappelle aux grandes heures des film engagés des années 70 et 80. Le genre de film à la fois très intelligent mais également incroyablement plaisant que bon nombre de studios n’oseraient plus produire à l’heure actuelle. C’est peut-être d’ailleurs pour cela qu’il se retrouve sur Netflix. La maestria avec laquelle Adam McKay condense tout cela dans un simili film catastrophe est admirable. Le cinéaste qui a débuté dans la comédie potache a pris un virage singulier vers la satire depuis « The Big Short » (qui expliquait la crise économique des subprimes de manière un peu trop nébuleuse) et réalise ici son chef-d’œuvre en vulgarisant les contradictions et la folie d’une époque. C’est finalement aussi objectif que terrifiant. Les Oscars devraient mettre cette pépite de cinéma en bonne place à la prochaine cérémonie (devraient car Hollywood en prend aussi pour son grade).
Et quel casting! La distribution la plus impressionnante de l’année. Comme si toutes ces stars, lucides sur l’avenir incertain de notre monde, venaient contribuer de manière détournée à sonner l’alarme dans la joie et la bonne humeur. On ne peut faire ressortir une prestation plutôt qu’une autre car ils sont tous impeccables dans des contre-emplois jouissifs, se moquant d’eux-mêmes. Cate Blanchett et Meryl Streep sont néanmoins les plus amusantes et mémorables tandis que Mark Rylance est incroyable dans une prestation de Steve Jobs poussée à l’extrême. Même si le trait pourrait sembler un forcé, cela reste le propre de la satire. Cependant, c’est assumé de bout en bout dans la méchanceté et la subversion et que cela fait du bien. Comme une catharsis, un exutoire cinématographique de toute la folie ambiante. Et cette tonalité, quelque peu exagérée mais de manière volontaire, colle parfaitement à l’aspect satirique de la chose. Les dialogues sont admirablement écrits, le montage est sur tension permanente et les séquences cultes s’enchaînent à une vitesse folle. « Don’t look up – Déni cosmique » c’est le cadeau final et inespéré d’une année monstrueuse et un sacré morceau de septième art à consommer sans modération. Mais aussi le meilleur film de son réalisateur depuis qu’il est devenu sérieux et bien plus accessible que « Vice » ou « The Big Short ». Comme quoi l’humour est parfois le meilleur moyen de faire passer des idées et d’ouvrir les yeux. Aussi effrayant que drôle et passionnant. Joyeuse fin du monde!
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