Le plus inquiétant, quand on regarde cette satire au vitriol de notre merveilleux monde qui fonce droit vers l'abîme, c'est que tout est confondant de réalisme. Il y a quelques années encore, quand on regardait "Idiocracy", ces idiots biberonnés à la téloche et pas foutus d'aligner deux mots, on se marrait bien. Parce que ça paraissait un peu gros, on le regardait comme un bon scary movie, en se foutant de ces pauvres crétins du Texas tout en gardant la distance rationnelle. Mais voilà, les années ont passé. La TNT a débarqué, avec Pascal Praud et Cyril Hanouna, Bolsonaro et Trump. La bêtise s'est étendue bien au-delà du raisonnable, et s'est même érigée en vertu médiatique (Cnews ou Foxnews, parfaitement caricaturés dans le film). C'est pour cette raison qu'on regarde Don't look up certes avec amusement, tant les scènes sont drôles, les situations burlesques, les personnages (brillamment interprétés) ridicules, mais avec un frisson dans le dos, parce qu'on y EST. La catastrophe est là, les dirigeants s'en foutent, les firmes technologiques entérinent le tourisme spatial et la colonisation de la lune, alors que Groënland se tape des canicules. Et ce joyeux bordel totalement burlesque, ce film tragi-comique dont on est à la fois les acteurs et les spectateurs impuissants, ça s'appelle le capitalisme. Un film bien mauvais, contrairement à celui qui vient de sortir sur Netflix.