Un psy trouverait sûrement matière à analyse, quant à mon comportement vis à vis de ce film. Je m'explique, j'avais acheté il y a deux ou trois ans une édition collector double dvd, double bluray avec les versions "cinéma" et les versions "director's cut", agrémentée d'un livre complet, de témoignages, le script du scénario et d'autres goodies. On pourrait croire qu'avec un tel acte d'achat, ce film était pour moi une référence, je ne l'avais en réalité jamais vu.
J'avais vaguement souvenirs d'un film qui à sa sortie avait peu marché mais qui allait devenir culte chez le public adolescent d'alors, mais le postulat d'un film énigmatique, d'un Lynch pour prépubères, me laissait froid. Pourquoi aller chercher dans un film s'adressant à des ados, les émotions et questions alambiquées que que je trouvais chez des cinéastes qui parlaient au trentenaire que j'étais alors ? Et puis la curiosité a fini par l'emporter, et c'est donc relativement recemment que je sors ce fameux coffret et ai entamé la découverte de ce film. Alors aujpurd'hui plus proche du demi siècle que de mon adolescence qu'en est-il ?
Je choisis la version "director's cut" pensant que par définition c'est celle la plus fidèle à l'interprétation du réalisateur, il semble en ayant lu ensuite quelques critiques, que la version "cinéma" soit préférée par les fans qui reprochent à l'autre version de trop en dire et d'imposer une interprétation à des éléments qui méritaient de rester dans le flou et l'interprétation de chacun. Je laisse le choix d'être en accord ou non, soyons francs, si j'ai plutôt apprécié le film, il ne m'a pas non plus bouleversé, emplis de qualités indéniables et assez inouïes si on rappelle qu'il s'agit d'un premier film, je crois l'avoir découvert trop tard. Je ne me sens plus concerné par les questions d'adolecents, même nimbées d'un voile de mystères.
Pour autant, il me semblerait injuste d'écrire une critique peu élogieuse, sous prétexte que je ne suis plus le public cible de l'oeuvre. Exercice donc d'introspection pour retrouver mon regard d'ado pour vous livrer mon ressenti en y ajoutant quelques références cinéphiles d'adulte.
Dans Donnie Darko (2002), il est question de schizophrénie. Il est aussi question de voyage temporel. De banlieues américaines sans histoires. De bigots. De malêtre adolescent. D'un fluide étrange. De lapin géant - bizarrement je connaissais cette icône. D'apocalypse. Et de bien d'autres choses encore. Dans "Donnie Darko", on trouve du David LYNCH pour son ambiance étrange, pour le vernis immaculé renfermant de bien vilaines choses.
On trouve du Paul Thomas ANDERSON pour ses destins croisés autour d'un même évenement.
On trouve du Gus van SANT pour sa vision désenchantée de l'adolescence.
On trouve de tout dans "Donnie Darko" mais sans que cela ne paraisse surchargé. Instantanément culte au moment de sa sortie, "Donnie Darko" est le premier film de Richard KELLY. Un véritable petit génie qui va mélanger dans sa marmite des influences diverses pour mieux créer sa propre mythologie.
Maîtrisant aussi bien la mise en scène que la narration, il nous offre un trip dans l'Amérique des années 80, au son d'une bande originale furieusement rétro, brossant les portraits de personnages souvent attachants, parfois détestables, tous réunis autour d'un même personnage, anti-héros névrosé suivant le lapin blanc dans son terrier jusqu'au sacrifice final, jusqu'à la fin du monde. De son monde. "Donnie Darko" est un concentré de cinéma, une oeuvre pot pourri, portée par un casting exceptionnel dont on retiendra LA révélation: Jake GYLLENHAAL.
"Donnie Darko" est une oeuvre complexe, qui laisse beaucoup de questions sans réponses - du moins dans mon expérience director's cut.
Il est pour moi très compliqué d'attribuer une note à ce film, l'honnêteté intellectuelle m'interdit de lui mettre une mauvaise note basée uniquement sur le fait qu'il ne s'adresse pas ou plus à moi, sur un plan purement formel je ne peux que reconnaitre une réelle réussite, mais alors je noterais un joli paquet cadeau et pas le présent en lui-même, bref je lui donne 5 étoiles, ce qui sur mon barême correspond aux films qui ne s'adressent pas à moi.