Il n'y a pas à dire, plus le temps passe et plus cette idée se vérifie : quelques minutes suffisent au fond pour savoir si le film que l'on est en train de découvrir va sortir du lot ou va au contraire rester dans les sentiers balisés bien ennuyeux. Si je dis cela, c'est que "Dos au mur" vient encore de vérifier cette impression, dans le bon sens en plus qui plus est. En même temps, quand un film se déclare comme un « thriller », il a intérêt à savoir créer l'intrigue et à capter l'attention dès le départ. "Dos au mur" a cette grande qualité là : à peine le film avait t-il commencé depuis dix minutes qu'une multitude de questions parcouraient déjà notre esprit. Or, le fort de Asger Leth, c'est qu'il a su tenir cette belle promesse jusqu'à la fin, en sachant à la fois conserver un rythme effréné, mais surtout en sachant ménager le mystère jusqu'à la résolution finale. Bien sûr, certains pourront reprocher au film son calibrage académique très hollywoodien, qui lisse parfois un peu trop les personnages et les sous-entendus, mais c'est aussi par ce même académisme – et notamment l'usage judicieux et maîtrisé de tous les codes du genre, que le film marche finalement aussi bien. Car au fond, les seuls points noirs que je trouve à ce film se limiteraient sûrement au fait que le casting soit aussi inconsistant (seul Jamie Bell sauve selon moi la mise) et au fait que le regard sur la perception morale qu'a la société sur le héros soit à la fin poussé vers la sortie au profit de la seule résolution de l'intrigue. Mais bon, tant pis : à défaut d'être le film dévastateur et corrosif qu'il a tenté d'être par moment, ce "Dos au mur" n'en reste pas moins un thriller malin, original et diablement efficace. Comment ne pas s'en réjouir ?