Olivier Assayas, ce n'est pas trop mon truc. Même son « Heure d'été », que j'avais beaucoup apprécié en sortant de la salle, m'a nettement moins convaincu en le revoyant. Dans cette perspective, « Doubles Vies » fait assez bonne impression. Je me suis finalement peu ennuyé, trouvant les propos tenus souvent intelligents, intéressants, avec une vraie logique de débat où la vision de chacun est défendu par des arguments solides, concrets, nous donnant à voir les choses (un peu) différemment quant au regard que nous portions sur la « numérisation » du livre.
Alors c'est une évidence : ce film n'est pas adressé à tout le monde, et c'est clairement sa limite. Ça parle constamment, reste dans une logique très bobo, très élitiste, se focalisant sur un milieu très privilégié intellectuellement : le « peuple » n'a jamais été le truc d'Assayas, ce qu'il confirme plus que jamais ici. Maintenant, pour ceux que le sujet intéresse, ça se tient. Certes nous avons surtout droit à un dialogue géant entre personnes financièrement aisées, mais cela reste relativement stimulant, surtout, d'ailleurs, lorsque le réalisateur s'intéresse à la vie privée des personnages, seuls moments où chacun peut s'y retrouver un minimum, la sobriété étant toujours de mise.
Côté casting, c'est assez réussi, avec notamment un contre-emploi convaincant pour Guillaume Canet, mais mon coup de cœur est clairement pour Nora Hamzawi : je l'ai toujours apprécié, mais avec ce rôle (de loin le plus attachant du film), elle confirme les espoirs placés en elle : j'étais sous le charme. Du coup, j'ai légèrement hésité pour ma note finale. Si cette dimension très intello et très écrite m'empêche d'être vraiment convaincu, le propos comme le regard sur notre société m'a plutôt séduit : de la part d'Olivier Assayas, une agréable surprise.