Quand ça roule, tout roule. L'incipit pourrait bien être, à mon humble avis, une des plus belles scènes de caisse qu'il m'ait été donné de voir. C'est simple, nerveux et réaliste. On est à Los Angeles, certes, mais pas du côté de Snoop Dog. Pas de California Love, pas de palmier... On est dans une cité crépusculaire, déjà croisée dans To Live & Die in LA de Friedkin, à mille lieues du glamour. Le générique et sa typo kitchissime en rajoute. Mais qu'on ne s'y trompe pas, des scènes de chevauchée fantastique, il n'y en a pas tant que ça.
Le wheelman mutique, amoureux de sa petite voisine tout mignonnette, est un cow-boy carrossé (le cure-dent!) en garçon de ferme. Un taxi driver à la fois shérif et outlaw, sans nom ni identité. A ce titre, "Drive" repose quasiment intégralement sur Ryan Gosling (et un peu aussi sur les frêles épaules de la fraîche Carey Mulligan) . Le casting série triple A est, lui, assez mal exploité: Bryan "breaking bad" Cranston est en retrait; Ron Perlman, surmaquillé, frôle le ridicule et Christina Hendricks (la Joanna bombasse de Mad Men) ne fait qu'une apparition express.
Mais le Danois a le bon goût d'ancrer son film dans le réel. Au silence des deux tourtereaux répondent des explosions de violence assez terrifiantes: gunfight en motel, pilonnage au marteau ou rasoir sournois... Même l'intrigue, assez anecdotique, sert ce côté réaliste. "Real humans aren't heroes" chante une Cindy Lauper version 2000 (College feat. Electric Youth, me dit-on dans l'oreillette): un western, je vous dis.