C'est maintenant une certitude, Nicolas Winding Refn est l'un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération. Sa filmographie en est la preuve directe.
Un talent également synonyme de génie, car le Danois arrive à nous transporter et à nous bluffer à partir d'un scénario de 5 lignes : soit un cascadeur-garagiste-chauffeur pour voyous qui décide de protéger une famille menacée par les vilains tontons de la ville. A partir de là, l'artiste nous livre un subtil mélange de poésie et de violence sur fond de musique fortement représentative des années 1980 (à retenir le sublime morceau de Kavinsky, "Nighcall").
Car, il est vrai, le principal atout de ce long-métrage est d'inclure une forte dose d'émerveillement (entre sentiments et émotions) dans un récit basé autour du monde sanglant de la mafia.
Dès lors, la douceur des couleurs et des éclairages et l'élégante chorégraphie constituée à partir des cadrages tranchent avec la brutalité prononcée de l'atmosphère ambiante, laissant place à deux ou trois séquences d'une grande violence.
Une esthétique touchant la perfection et qui est sublimée par une mise en scène bluffante (ce film n'aura pas volé son Prix à Cannes). La tension marquée par l'attente, la peur, le goût du risque et la menace qui pèse, bénéficie d'une construction de qualité. Et que dire des rares et courtes scènes de poursuites en grosses cylindrés...
La performance du casting n'est pas à sous-estimer. Ryan Gosling est extrêmement convainquant dans son rôle d'homme solitaire, renfermé, froid et pourtant terriblement sensible. Carey Mulligan est magnifique dans la peau de cette jeune femme abandonnée et affectueuse. Enfin, Oscar Isaac confirme son immense talent d'interprétation.
Pour faire simple, "Drive" est un film qui nous rappelle pourquoi on aime le cinéma et qui confirme le fait que le talent et l'originalité sont les maîtres-mots quand on parle de chef d'oeuvre.