Assourdissant. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit en sortant de la projection de Dune. Denis Villeneuve, fidèle à ses habitudes de bruit et de fureur, s’emporte telle la tempête de sable. Aérien, il déploie de manière fluide la première partie de l’histoire de Franck Herbert, qu’il a bien fait de scinder en deux — malgré l’incertitude qui pèse aujourd’hui sur la réalisation de la seconde partie.
Ainsi, le film installe progressivement ses enjeux et ses familles, blocs monolithiques et martiaux. Si on peut leur reprocher un aspect un peu austère, les décors et costumes sont très bien réussis et contribue grandement à l’immersion et à la pesanteur de toute l’intrigue. Ici on ne parle pas de famille au sein nucléaire mais au sens de clan gigantesque, régi par un protocole et un ensemble de règles et de factions étroit. Les décors massifs et une photographie souvent monochrome ou bichrome viennent encore nourrir cet enfermement.
La quête de Paul commence par la destruction et une forme de libération de ce carcan, et j’ai été agréablement surprise par les interprétations de Thimothée Chalamet et surtout Rebecca Ferguson. Les interprétations sont toutes très bonnes, mais Rebecca Ferguson déploie une énergie incroyable et s’impose dans ses scènes au-dessus de tous les autres.
Ce qui m’a impressionné aussi sont les plans larges, les compositions inspirées et le cheminement de la caméra. Là aussi Villeneuve joue sur l’échelle, montre comment un personnage peut être perdu et isolé dans l’immensité d’un décor, enfermé même en étant dehors. Même si c'est vrai, cette tendance à transformer chaque plan en tableau a pour conséquence un rythme artificiellement ralenti et une narration très linéaire.
En revanche, j’ai vraiment eu du mal avec la direction musicale du film qui manque…de musicalité. Les partitions musicales sont permanentes, avec très peu de silence, s’entrechoquent régulièrement dans une cacophonie désagréable et nous ne laisse ni répit ni impression durable. Car il manque des thèmes forts à Dune, et si on écoute la musique en dehors du film, difficile de s’y attacher. C’est pour moi le gros point noir du film de Villeneuve, qui réussit en dehors de ça livrer un film puissant, grand public et spectaculaire, tout en restant — relativement — fidèle au matériau d’origine.
Il manque également d’autres choses mais que je ressens aujourd’hui comme un choix d’attendre le deuxième volet. Certains personnages ont eu peu l’occasion d’exister, comme Chani (ou le voyageur galactique si marquant chez Lynch). Ou encore le désert qui ne parait pas encore si hostile, ni le marteleur qui est devenu bien discret. Mais au final, ces éléments dont on se languit me donne juste plus envie de voir la suite. Qui décidément aura encore plus d’attentes que ce premier volet.