Dune, excellente première partie

Je ne vais pas faire une critique poussée (dans le sens je vais pas m'amuser là à analyser le film) mais en gros, j'ai beaucoup aimé, l'ambiance, les acteurs, etc...

Déjà la photographie est sublime et je pense d'après les commentaires que j'ai lu un peu partout que tout le monde est au moins d'accord là dessus.

On reconnait la patte de Villeneuve, qui semble apprécier les atmosphères pesantes, la lenteur, il y a beaucoup de symbolisme. On aime ou pas, c'est une chose, mais en tout cas je trouve que ça correspond bien à Dune, qui n'a pas vocation à être un blockbuster d'action.

J'ai lu beaucoup de critiques là dessus, sur le fait que c'est lent et assez pesant, tellement que ça en a poussé beaucoup à dire que c'était très contemplatif, vide, que ça se la pète. Je ne pense pas que ce soit le cas. A vrai dire je déteste quand dès qu'un film prend son temps, pose son propos, son ambiance, amène une lourdeur qui raconte quelque chose, les gens soient là en mode "c'est chiant", ça n'est /pas/ chiant. Il y a une intention, un sens, et ça demande à ce qu'on réfléchisse un peu. Il faut y mettre un peu du sien, Villeneuve ne fait pas du cinéma de divertissement, ça se voit. Et ça n'est PAS un défaut.
Ca peut plaire comme ne pas plaire, mais ça n'est pas un défaut, et certainement pas pour une histoire comme Dune qui EST pesante, lourde, oppressante parfois. Dune est un plat qui se mange lentement, et pour ça je pense que le style de Villeneuve tombe bien.

Enfin je ne sais pas mais pour moi la chiantise d'un film ça se calcule pas à son rythme lent mais plutôt à ce qu'il y a dans cette lenteur, ce qu'elle raconte, ce que ça provoque. Une lenteur qui ne soulève aucune réflexion, aucune émotion, là oui, c'est chiant.
Mais force est de constater que quand on prend le temps de bien regarder Dune, il se passe plein de choses. La pesanteur de l'ambiance fait écho à la pesanteur du système qui est critiqué dans cette histoire, fait écho à la pesanteur des obligations qui pèsent sur Paul, la pesanteur de la chaleur qui règne sur Arrakis, la pesanteur de la menace que représentent les Harkonnen, la pesanteur de la prophétie et de tout l'aspect religieux, cette pesanteur de la forme existe dans le fond. Sans parler de la pesanteur qui existe dans le fait que c'est de Dune, dont on parle, le monstre sacré Dune.
Il y a une révérence que l'on ressent dans la forme, dans une sorte de précaution que semble prendre Villeneuve.
Je ne suis pas convaincue qu'une forme plus légère aurait été pertinente.

Notons également que bien que versant largement dans le symbolisme et bien qu'il montre et sous-entends plus qu'il n'explique, ne raconte, tout est parfaitement compréhensible pour quelqu'un qui n'a pas lu les livres, qui n'a pas les références. Je trouve ça assez rare finalement de pouvoir exposer sans tout dire, la narration est textuellement et visuellement fluide, et je pense que c'est l'une des forces de Villeneuve, il y a un accord juste entre le texte et l'image, ce qui semble assez évident quand on parle de cinéma mais en fait il y a beaucoup de films qui n'arrivent pas à cette osmose.

Je pense que c'est un peu pour ça que j'ai beaucoup entendu parler de ce film comme une expérience sensitive, aussi. C'est à dire que le texte, l'image, le son aussi, se mêlent avec brio pour raconter l'histoire, chaque élément participe à la narration. Ce qui fait qu'on est immergés dans le récit en tant que spectateurs.

J'ai aussi vu des critiques sur principalement 2 trucs: le manque d'attachement aux personnages, et le fait qu'on ne voit que très peu les Fremen, et que certains sujets propres à Dune on été oublié ou survolés.

Pour les personnages, avec du recul c'est vrai qu'il y a un défaut, les personnages sont finalement assez peu attachants, dans le sens où leur personnalité est moins développée que leurs intentions dans la narration, que leur rôle, les personnages sont à une exception près tous très austères, froids. Sur le moment ça ne m'a pas dérangé mais c'est vrai qu'on peut critiquer à ce niveau là.
Je comprends qu'on dise que le film manque d'empathie et soit très froid, ça vient de là. Les personnages sont assez peu humains, je dirais, assez monochromatiques. Mais je me dis, peut-être que c'est quelque chose qu'on pourrait voir évoluer dans la seconde partie si elle voit le jour.
Peut-être (sans doute) que cette froideur et cette rigidité a un but narratif, mais je pense qu'on a vraiment besoin de la deuxième partie.

Par contre Chalamet - ça me fatigue rien que d'y penser - soit on l'adore, soit on lui crache à la gueule, j'ai remarqué. Je le trouve pas mauvais, mais il n'est pas exceptionnel non plus. Il fait son taf, et il donne une bonne interprétation de Paul Atréides. Je ne comprends pas pourquoi les passions se déchaînent autour de ce gars, dans un sens comme dans l'autre. Il mérite pas forcément les lauriers, mais pas non plus toutes les critiques violentes qu'il se prend.
Il n'en fait d'ailleurs ni plus ni moins que le reste du cast.

Sur les thèmes abordés, je pense que beaucoup des critiques passent un peu à côté du fait que c'est une première partie. Bien sûr qu'on ne retrouve pas tous les thèmes, mais c'est justement parce que Dune est très dense et multidimensionnel qu'il va se faire en deux films et pas un seul. [Edit, en trois films, même apparemment]. Et je pense que c'était entre autres l'un des gros défauts du Dune de Lynch de vouloir caser tout ça sur un si court format.
Ce qu'on retrouve dans cette première partie: le sous texte colonialiste et capitaliste, et le thème religieux. Je pense que la partie écologie sera plus évidente dans le 2ème dans lequel je pense les Fremen auront une place plus importante.

Je ne pense en tout cas pas qu'on pourra se faire une réelle idée de ce que ce film montre avant d'en avoir une vraie vue d'ensemble.

Un dernier point pour la musique: comme je disais sur Twitter l'autre jour, tout le film je me suis dit "eh mais mais l'ambiance musicale est chouette" (mais mon ciné avait super mal réglé le volume, c'était super fort, mais c'est pas la faute du film), et au générique je vois Hans Zimmer, "ah bah oui". Evidemment. Il m'a jamais déçu, il ne me déçoit pas cette fois-là, gg Hans.
Par contre j'ai lu une critique qui dit "c'est Zimmer qui fait du Zimmer" et j'ai ri, parce que pas du tout, c'est à dire qu'en regardant le film je ne l'avais pas reconnu et j'ai été surprise de voir comme il avait su encore se renouveler pour créer une composition qui corresponde si bien au film qu'il illustre. Zimmer ne fait pas du Zimmer, Zimmer compose des musiques, des ambiances, qui se fondent dans le film, qui ajoutent à sa personnalité. Dans certaines ost on peut retrouver des thèmes communs, mais trouvez moi un thème commun entre les ost de - au pif - Dune, The Dark Knight, Le Roi Arthur, The Amazing Spider Man, Sherlock Holmes - j'attends.
Qu'on reconnaisse sa pâte, qu'il y ait des sons, une couleur musicale, reconnaissables, après, j'ai envie de dire... duh. C'est normal. De même qu'un tableau de Picasso ressemble à du Picasso, une compo de Zimmer ressemble à une compo de Zimmer, y'a absolument rien de choquant à cela.
Mais l'ost de Dune est unique, elle est taillée sur mesure pour Dune, et je pense que d'ici 20 ans on la reconnaitra tout de suite, comme on reconnait chaque ost de Zimmer, quand tu entends la bo du Roi Lion, Inception, ou Interstellar, tu te dis pas "tiens c'est quel film ça déjà". Si on était sur "du Zimmer qui ressort la même recette pour chaque ost" ça ne serait pas le cas.
Et quoi qu'il en soit la BO de Dune n'a rien de commun avec ses autres compos, à part peut-être une vague similarité avec God yu tekem laef blong mi (Thin Red Line, Mr Nobody) parce que y'a une voix un peu criarde, et encore.
Donc tldr: lâchez-lui la veste bordel de nouilles

En conclusion, personnellement, j'ai aimé, j'ai été captivée, et l'ambiance lourde et pesante ne m'a pas été désagréable. J'ai très très envie que ça marche pour que Villeneuve puisse réaliser la suite, j'ai vraiment hâte d'avoir une vue d'ensemble.