Après deux ans de confinement, de sorties reportées ou annulées, ne boudons pas notre plaisir d’apprécier comme il se doit l’arrivée de Dune. Un plaisir d’autant plus grand, qu’il tranche nettement avec les blockbusters habituels remplis de Super-Héros, de Jedi et autres suites, remakes, reboots, redaubes…
C’est donc avec un réel plaisir que l’on découvre un univers encore peu exploité au cinéma, composé de nouvelles intrigues, de nouveaux personnages et de nouveaux mondes. Certes, la version de Denis Villeneuve fait dans une certaine sobriété avec ses teintes sombres et ses couleurs désassurées qui n’ont plus grand-chose à voir avec l’ébauche grandiloquente de Jodorowsky et la tentative contestée de Lynch. Il n’en reste pas moins que cette nouvelle itération est assez magnifique à défaut d’être d’une originalité folle. Rien de très surprenant au regard du CV du réalisateur canadien qui a pris la bonne habitude de nous en mettre plein les yeux. En revanche, les oreilles prennent cher, Hans Zimmer a audiblement eu la main lourde sur les percussions qui recouvrent les quelques jolies mélodies. On est loin des subtiles partitions de Interstellar et des thèmes mélanésiens de La ligne rouge.
Tant pis, l’ambiance reste ébouriffante et le rythme ne nous laissent guère le temps de bailler. Les enjeux étant très rapidement esquissés, il ne nous reste plus qu’à nous installer confortablement et profiter du spectacle. En revanche pour se plonger un peu plus en profondeur dans cet univers foisonnant, nul autre choix que de se saisir de l’œuvre de Frank Herbert, en 2h40, rondement menées, Dune se refuse à tout temps mort propre au développement des intrigues politiques, familiales, sociales et raciales qui semblent irriguer l’œuvre littéraire. En épurant les subtilités du roman, le film gagne en efficacité et rythme ce qu’il perd en profondeur. On aimerait parfois se plonger un peu plus dans cet univers, comprendre les relations, les rivalités que le scénario esquisse bien trop sommairement. Bien sûr, avec une durée déjà importante et la crainte de perdre l’intérêt d’un public plus habitué aux divertissements superficiels, il était difficile d’en raconter plus.
Malheureusement, le film y laisse quelques plumes, comme une impression de rouleau compresseur dopé aux scènes d’actions accouchant d’un récit un peu trop linéaire et programmatique, et nous réservant finalement assez peu de surprise. Il faut dire qu’à force de nous répéter et de nous démontrer toutes les cinq minutes que Paul est l’élu on finit par ne plus guère s’inquiéter pour lui, il semble déjà imbattable, connaît la planète comme sa poche, déjoue tous les pièges sans grandes difficultés et sa romance avec Chani semble déjà presque consommée. Rien de rédhibitoire, le plaisir demeure presque intact, gageons seulement que la suite polisse encore un peu plus ce diamant au potentiel si excitant…