"Ressentir", c'est le mot d'ordre du cinéma de Denis Villeneuve, du moins depuis son douloureux Polytechnique. La salle de cinéma est théâtre d'émotions, comme le réalisateur canadien aime le rappeler. Et à raison. Dune est une expérience qui se vit en salle, plongé dans un univers majestueux mais surtout démesurément grand.


La grandeur de l'oeuvre de Villeneuve est bien évidemment l'affaire de vaisseaux gigantesques, de cités peu accueillantes et d'armées s'étalant à portée de vue. À ce titre, la mise en scène lourde et contemplative du réalisateur de Blade Runner 2049 est une aubaine dans un monde aussi vaste et majestueux. Mais réduire le film à son travail plastique - fabuleux par ailleurs - serait presque un crime. Au milieu de ce monde aride et géopolitiquement complexe, Dune est un drame familial qui met brillamment en scène la torture psychologique d'un adolescent confronté à des injonctions contradictoires. C'est cette diversité d'échelle et d'enjeux, se traduisant en permanence dans des fulgurances de réalisation majeures, qui fait la force d'un long-métrage qui transpire l'amour de l'oeuvre de Franck Herbert.


Dune évolue ainsi à un rythme effréné. Le désespoir de Paul Atréides prend la forme d'une descente aux enfers lancinante, qui prend rarement le temps de s'apaiser. Et si l'on arrive parfois à souffler, c'est pour être de suite violemment bousculé par une nouvelle séquence grandiose et tragique, mettant toujours au centre des préoccupations les personnages de l'histoire, perdus au milieu d'un univers démesuré par rapport à eux. Bien aidé par la partition viscérale de Hans Zimmer, Denis Villeneuve arrive avec ces quelques scènes "d'explosion", à faire pleinement ressentir les enjeux auxquels son protagoniste doit faire face. On se retrouve bien souvent bouche bée face à la mise en scène du film, qui jongle habilement entre les échelles et les sens pour mieux nous éblouir.


Dans tout cela, force est de constater que les choix de casting, pourtant audacieux, sont bons. On retiendra en particulier le tandem principal, composé de Timothée Chalamet et de Rebecca Ferguson. Tous deux ont leurs grands moments - parfois ensemble - et arrivent à retranscrire à l'écran toute la complexité de leur relation et de leur place dans l'histoire.


Arrivé à la "fin" de cette épopée, on ne peut qu'en demander plus, tant Denis Villeneuve sait où il veut aller, et arrive avec précision à nous faire ressentir toute la complexité et la grandeur de Dune. Et, comme une récompense, Chani nous rappelle ultimement : "This is only the beginning".

Meyga
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le 9 sept. 2021

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