S’il y a un événement ciné en cette année 2021, c’est bien la sortie de Dune, réadaptation très très attendue du roman d’Herbert. A forte attente, grosse déception ? En préambule, une double précision : Je n’ai pas lu le roman, je ne commente donc pas le film en tant qu’adaptation. Il y a si longtemps que je n’ai pas revu la version de Lynch qu’il ne s’agira pas non plus de faire une comparaison entre les deux films. Ceci étant dit, on peut y aller. Pour faire simple et concis, le film raconte comment l’exploitation de l’épice sur la planète désertique d’Arrakis va entraîner une guerre entre les principaux clans de l’univers. Sur Arrakis, les autochtones, les Fremen ne comptent pas laisser faire la colonisation de leur planète. Et parallèlement à tout ça, une force occulte semble diriger en sous-main tout ce bazar. C’est dans ce contexte tendu que Paul Atréides, prend la succession de son père. Il semble avoir devant lui un destin hors du commun et un grand rôle à jouer. Bon en vrai, c’est un peu plus compliqué que ça mais contrairement à ce qui se dit généralement de Dune, ce n’est pas trop obscur ou cryptique. Bref, on s’en sort sans migraine et le travail de vulgarisation est remarquable. Ce qui frappe en premier lieu, c’est l’esthétique de l’ensemble. D’une certaine manière, on a l’impression de voir le prolongement de Blade Runner 2049 soit un gigantesque tableau aux couleurs ocres et aux contrastes saisissants. Un clair-obscur à la fois doux et inquiétant. La lumière est absolument somptueuse et elle semble appuyer le dialogue constant entre le dedans et le dehors. La paix du dedans face à la guerre du dehors. La rage sombre du dedans face aux formes rondes des dunes pastels du dehors. Les questionnements intimes du dedans face à la froide prise de décisions du dehors. C’est toujours par des interstices que la lumière pénètre le dedans et fait cohabiter les zones d’ombre et les rayons implacables du soleil. Ce dialogue nourrit tout le récit et celui-ci devient parfaitement cohérent. On sait Villeneuve friand d’architecture, on en a ici encore la preuve. Les décors sont réellement impressionnants et remarquablement utilisés. L’impression de gigantisme nous plonge dans un monde sans mesure dans lequel, comme les personnages, on se sent tout petit. A l’interprétation, c’est un sans faute à l’image de Timothée Chalamet que je découvre ici et qui est le héros qui a manqué à Star Wars (on arrêtera là la comparaison car vraiment, ça n’a rien à voir). On lit dans ses yeux et sur son visage aux traits parfaits toute la peur et la détermination qu’il ressent. Idem pour Rebecca Ferguson qui irradie l’écran de son étrange beauté et de son air de porter toute la tristesse du monde. Au final, Dune prend son temps et parvient à installer son intrigue et ses personnages sans se perdre en chemin. Les scènes d’action, assez nombreuses et efficaces, échappent au spectaculaire pur pour répondre avant tout aux impératifs du récit. Le principal regret portera sur ces scènes de rêves prémonitoires, éléments certes essentiels pour comprendre les enjeux mais déjà mille fois et assez répétitifs. C’est peu de chose et de toute façon, on ne peut que conseiller ce blockbuster SF qui parvient à combler les erreurs de Blade Runner 2049 en associant à merveille l’esthétique et la profondeur du récit. Hâte de voir la suite donc.